Le coordonnateur pour le contre-terrorisme au département d'Etat américain, M. Daniel Benjamin, a salué jeudi à Washington les résultats positifs de la coopération dans la lutte contre le terrorisme entre l'Algérie et les autres pays du Sahel, tout en reconnaissant que cette lutte dans la région doit demeurer l'appropriation des Africains eux-mêmes. Dans une conférence qu'il a animée sur le combat contre le terrorisme, intitulée ‘‘Al Qaïda après Ben Laden'', M. Benjamin a particulièrement insisté sur l'importance de la coopération internationale dont il a dit qu'elle était une des pierres angulaires de la stratégie des Etats-Unis dans la lutte contre cette menace. Sur ce point, il a tenu à préciser que le partenariat international dans la lutte contre le terrorisme repose non seulement sur le renseignement et la formation mais aussi sur le développement économique. Abordant la menace de l'organisation Al-Qaïda au Maghreb (AQMI), le patron du contre-terrorisme au département d'Etat américain s'est félicité d'une ‘‘plus grande coopération'' dans la lutte contre ce groupe terroriste, qui donne "des signes positifs, en particulier la coopération entre l'Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali." Il a également cité le Partenariat de contre-terrorisme au Trans Sahara (TSCTP) qui, a-t-il affirmé "commence à porter ses fruits avec des partenaires jouant un rôle encore plus important que jamais dans les opérations de contre terrorisme dans la région". Sur ce point, il a souligné que le TSCTP "s'emploie à renforcer les capacités dans les pays du Sahel, ainsi que plus au sud avec le Nigeria, le Sénégal et le Burkina Faso". Dans ses observations formulées sur AQMI, M. Benjamin n'a pas manqué de relever que cette organisation terroriste était, auparavant, ‘‘le plus faible des groupes affiliés à Al Qaïda, avant de devenir, depuis ces dernières années, le groupe qui a réussi à remplir ses coffres avec les rançons provenant des enlèvements''. ‘‘Une pratique que d'autres groupes d'Al Qaïda ont adoptée au vu de ses avantages considérables, et ce, à cause de cette volonté de certains pays riches occidentaux à payer les preneurs d'otages'', a-t-il précisé dans cette critique destinée à des pays européens qui continuent à verser les rançons. Affinant davantage son analyse avec les évènements en Libye, le patron du contre-terrorisme du département de Hillary Clinton a soutenu que ‘‘la combinaison de ces ressources financières avec les efforts d'AQMI qui tendent à tirer avantage des flux et de l'instabilité en Libye, soulève des inquiétudes sur la trajectoire de ce groupe.'' Ces inquiétudes, a-t-il poursuivi, ‘‘reposent particulièrement sur la question du passage des terroristes à la lumière de l'instabilité en Libye, et la menace posée par la prolifération des armes''. A ce sujet, il a indiqué que les Etats-Unis ‘‘ont travaillé activement, au cours des derniers mois, pour s'engager avec les gouvernements de la région afin de contrecarrer les menaces posées par l'instabilité prolongée en Libye''. Selon lui, ceci est ‘‘particulièrement préoccupant'' en ce qui concerne la circulation libre de munitions provenant de stocks libyens, et la menace d'acquisition par les terroristes de missiles portables MANPADS. ‘‘Ceci pourrait poser des risques importants et pour la sécurité régionale et pour l'aviation civile'', a-t-il prévenu. Affirmant que les Etats-Unis continueront à travailler sur ce problème avec leurs partenaires de la région, M. Benjamin s'est dit ‘‘satisfait de la qualité de l'engagement sur les stratégies possibles pour régler cette question''. Par ailleurs, il a également émis des inquiétudes au sujet du groupe terroriste nigérian Boko Haram qui, selon lui, bien que n'étant pas affilié à Al-Qaïda, il n'en demeure pas moins que ses attaques qui se répandent au Nigeria sont également ‘‘très troublantes'', surtout après celle perpétrée en août dernier contre le siège de la représentation de l'ONU à Abuja. Soulignant que cette attaque rappelle les cibles traditionnelles d'Al-Qaïda, M. Benjamin a affirmé que cette dernière et ses affiliés ‘‘ont été transparents dans leurs efforts à renforcer d'autres mouvements naissants dont celui de Boko Haram.'' Qu'il s'agisse de la lutte contre le terrorisme en Afrique du nord ou dans les autres parties du continent, M. Benjamin a soutenu que les Etats-Unis ‘‘veulent non seulement que cette région dirige elle-même ses efforts de lutte contre le terrorisme, mais adhèrent aussi à l'idée selon laquelle les problèmes africains sont mieux résolus par des solutions africaines''.