Les gouvernements espagnol et italien ont été destinataires, lundi, d'un film vidéo montrant les trois otages européens, deux Espagnols et une Italienne, enlevés le 23 octobre dernier dans les camps de réfugiés de Tindouf. Ces derniers étaient entourés de leurs ravisseurs armés qui déclarent appartenir au groupe armé Tawhidi wal Jihad fi Gharb Ifriquia. Ce groupe terroriste, jusque-là inconnu, est présenté par les médias comme une dissidence d'Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Dans ce film d´une durée d´une minute et 20 secondes, les trois otages, des membres d´organisations d´aide humanitaire aux réfugiés sahraouis, se sont adressés dans leurs langues respectives aux autorités de leur pays d´origine pour leur demander de faire le maximum afin d´obtenir leur libération. Dans le second film vidéo, le porte-parole de ce groupe terroriste explique les raisons de cet enlèvement et formule les revendications des ravisseurs, qui pourraient se résumer à des paiements de rançons, même si les autorités espagnoles et italiennes ont préféré garder le silence sur la nature des revendications des auteurs de la prise d´otage. Ces derniers, à la différence de ceux d´Aqmi, ont le type africain et s´expriment en arabe et en anglais, jamais en français, ce qui est rare au sein des groupes terroristes qui ont procédé jusque-là à des prises d´otages au Sahel Dès réception du film vidéo, hier soir, le ministère espagnol des Affaires étrangères a réagi à la revendication de la prise d´otage de Tindouf, à travers un communiqué dans lequel le gouvernement espagnol «confirme» l´existence de la preuve que les deux ressortissants espagnols sont bien vivants, en faisant part de cette première bonne nouvelle à leurs familles. Le gouvernement espagnol s´est dit déterminé à «poursuivre tous les efforts possibles menés depuis le début, toujours avec un maximum de discrétion, et en collaboration avec les gouvernements de la région pour obtenir leur libération le plus tôt possible». La semaine dernière, le gouvernement Zapatero avait chargé l'ex-ambassadeur d´Espagne en Ethiopie, Antonio Sanchez-Benedito, spécialiste des négociations des affaires de prise d´otage dans la Corne de l´Afrique, d´établir, à cette fin, des contacts avec les auteurs de cette séquestration. Ces derniers se livreraient jusque-là au trafic de tabac et d´armes pour assurer leur survie. La semaine dernière, une unité du Front Polisario a pris en chasse un groupe de contrebandiers dans une zone du territoire mauritanien frontalière du Sahara Occidental. Un contrebandier a trouvé la mort au cours de ces affrontements alors qu´une dizaine de ses compagnons ont été arrêtés par les combattants sahraouis qui les soupçonnent d´être impliqués dans la prise d´otage du 23 octobre dernier à Tindouf. Selon des «sources» proches de la délégation sahraouie à Madrid, il pourrait bien s´agir de personnes plus ou moins impliquées dans l´enlèvement des trois ressortissants européens.