Leon Panetta, premier chef du Pentagone à visiter la Libye, devait évaluer de près samedi les besoins du nouveau gouvernement, quelques heures après l'annonce de la levée d'une grande partie des sanctions américaines imposées au pays sous le régime de Mouammar Kadhafi. Durant sa visite de quelques heures, M. Panetta doit rencontrer le ministre de la Défense Oussama Jouili, un commandant de la rébellion qui a renversé M. Kadhafi après 42 ans de pouvoir sans partage, ainsi que le Premier ministre Abdel Rahim al-Kib. "La raison de mon voyage en Libye est d'avoir l'occasion de regarder de près la situation et de rendre hommage aux Libyens pour ce qu'ils ont accompli afin de renverser Kadhafi (...)", a déclaré le responsable américain à Ankara avant de s'envoler pour Tripoli. "Il y aura des défis, il y aura des difficultés mais je suis convaincu qu'un pays comme la Libye, qui a pu accomplir ce qu'il a fait et montré un tel courage, parviendra au bout du compte à instaurer la démocratie", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis sont prêts à "fournir toute l'assistance qu'ils (les Libyens) nous demanderont" mais, selon lui, il n'est pas question pour Washington d'imposer ses vues. "Ils ont gagné le droit de déterminer leur avenir", a assuré M. Panetta, deuxième haut responsable américain à se rendre en Libye après la secrétaire d'Etat Hillary Clinton le 18 octobre, deux jours avant la capture le 20 octobre par les thowars (révolutionnaires) de Kadhafi, ensuite tué. La visite de M. Panetta intervient quelques heures après l'annonce par les Etats-Unis et le Conseil de sécurité de l'ONU de la levée d'une grande partie des sanctions imposées à la Libye à l'époque du régime déchu, une mesure destinée à aider à la reconstruction de la Libye selon la Maison Blanche. "Après des consultations avec le nouveau gouvernement libyen, les Etats-Unis ont levé la plupart des sanctions américaines", a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche. Le Trésor a ensuite précisé que les montants débloqués étaient de "plus de 30 milliards de dollars". Cette mesure "libère tous les fonds gouvernementaux et de la banque centrale se trouvant sous juridiction américaine, avec quelques exceptions limitées", selon la Maison Blanche. "Les avoirs de la famille Kadhafi et d'anciens membres du régime Kadhafi aux Etats-Unis restent gelés". Plus tôt, des diplomates avaient indiqué que le Conseil de sécurité avait levé les sanctions pesant sur la banque centrale libyenne et une banque d'investissements étrangers du pays, afin d'éviter toute crise de liquidités. Entré en fonction il y a trois semaines, le gouvernement libyen ne dispose pas d'assez de liquidités pour pouvoir payer les salaires des fonctionnaires et mener à bien ses programmes, notamment en ce qui concerne le désarmement de la population et l'intégration des ex-rebelles ayant combattu le régime Kadhafi. Organisés dans des milices armées, ces thowars font la loi notamment à Tripoli où ils contrôlent plusieurs installations stratégiques, comme l'aéroport international, provoquant des accrochages quasi-quotidiens. Les Etats-Unis ont été l'un des principaux contributeurs à l'opération de l'Otan qui a contribué à l'éviction de Kadhafi après un conflit lancé à la mi-février par une révolte populaire qui s'est transformée rapidement en une guerre civile. Le conflit a dévasté le pays et fait des dizaines de milliers de morts et de blessés en huit mois. A Tripoli, M. Panetta déposera par ailleurs une gerbe dans un cimetière de la ville où reposent plusieurs des 13 marins américains tués en 1804 dans l'explosion de leur navire dans le port de la capitale libyenne lors de la première intervention extérieure de la jeune nation américaine. Une loi adoptée par le Congrès impose au Pentagone de rapatrier leurs dépouilles aux Etats-Unis.