Le professeur Chemseddine Chitour a estimé, hier, dans une déclaration au Temps d'Algérie que «le gouvernement algérien doit régler le problème du passé colonial avec la France pour pouvoir aller de l'avant». «Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement algérien ne veut pas régler ce problème avec la France et en finir une fois pour toutes», s'est-il interrogé. «Il y a bien des conflits internationaux entre les Etats qui ont été réglés pour permettre aux pays d'avoir des relations normalisées», dira-t-il. Selon lui, la cause algérienne et la repentance de la France «est une cause noble qui doit être défendue à la hauteur des grands sacrifices consentis par les hommes durant la période coloniale». Pour lui, «c'est un problème national qui détermine l'identité du pays et du peuple. Cela dépasse les formations politiques qui l'utilisent et l'exploitent à leurs propres fins». Le professeur Chitour soutient qu'«aujourd'hui, le peuple algérien demande justice sur ce passé et peut se passer de l'argent et des indemnités. Le gouvernement doit se concilier avec son peuple pour constituer une position commune sur ce problème». Le professeur a regretté, également, l'absence d'une institution algérienne capable de traiter ce problème, d'engager des discussions internes ou même d'organiser un référendum pour prendre une position vis-à-vis de cette question de la mémoire. Pour lui, les propos du Premier ministre turc sur «le génocide du peuple algérien» par l'armée coloniale française ne sont pas « innocents». «S'il a dit cela, c'est parce qu'il veut porter préjudice à la France», a-t-il affirmé. «Mais l'Algérie n'a pas besoin d'avocat pour défendre sa cause», a-t-il enchaîné. Le professeur regrette, cependant, que «la cause algérienne soit portée sur la voie publique internationale pendant que l'Algérie reste spectatrice». «C'est dramatique», a-t-il déploré encore. «Nous ne parlons pas de nos problèmes. Nous ne savons pas nous défendre. On nous attribue encore ce statut de mineurs», a-t-il dénoncé. Le professeur Chitour rappelle que «le génocide perpétré par la France en Algérie a commencé en 1830 avec la politique de la terre brûlée qui a décimé le tiers de la population de l'époque». «La population algérienne était estimée à 3 millions en 1830 et 3,5 millions en 1880. Le génocide pratiqué par les Français contre les civils a empêché l'augmentation du nombre de la population», assure-t-il. Notre interlocuteur a appelé à une confrontation entre les historiens algériens et français sur la définition du mot «génocide» et les critères de son attribution.