La Libye risque de sombrer dans la guerre civile étant donné que «les milices révolutionnaires qui ont contribué à la chute de Mouammar Kadhafi ne rentrent pas dans le rang», a déclaré jeudi le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, qui vient de nommer le général Youssef Al Mankouch à la tête de l'armée. Mardi, des affrontements entre une milice locale et des combattants originaires de la ville de Misrata ont fait quatre morts à Tripoli, la capitale. «Nous nous trouvons aujourd'hui confrontés à deux choix», a dit Abdeljalil lors d'une réunion mardi soir à Benghazi, dans l'est de la Libye. «Soit nous répondons sans faiblesse à ces événements (les combats entre milices) qui entraînent les Libyens dans une confrontation militaire que nous ne pouvons accepter, soit c'est la sécession et la guerre civile», a-t-il ajouté. Plus de deux mois après la capture et l'assassinat de Mouammar Kadhafi, Tripoli ressemble à une mosaïque de fiefs se trouvant chacun entre les mains de milices différentes. La police est quasiment invisible, hormis pour réguler la circulation, plus aucune trace de la nouvelle armée nationale. Des miliciens continuent d'occuper des bâtiments autrefois utilisés par les forces de Mouammar Kadhafi et sortent dans les rues une fois la nuit tombée. Deux grandes milices sont issues de Tripoli même. L'une est dirigée par Abdel Hakim Belhadj, islamiste passé par des camps taliban en Afghanistan et désormais installé dans une suite d'un hôtel de luxe à Tripoli. L'autre est contrôlée par Abdoullah Naker, ancien ingénieur en électronique ne cachant pas son mépris à l'égard de Belhadj. Des milices étrangères à la capitale sont aussi actives dans Tripoli, telles que celle de Zentane, qui contrôle l'aéroport international. Les milices de Misrata se sont en grande partie retirées du centre de Tripoli mais maintiennent une présence dans les faubourgs de l'est de la capitale tandis que des combattants de la minorité berbère délimitent leurs territoires à l'aide de drapeaux bleus, verts et jaunes. Un autre groupe de combattants originaires de l'est de la Libye, berceau de la révolution, ajoute à la confusion. Proches des chefs du CNT, ils souhaitent former le noyau dur de la nouvelle armée, ce qui irrite leurs rivaux. Moustapha Abdeljalil vient de nommer commandant en chef des forces armées libyennes Youssef Al Mankouch, un général qui était à la retraite et originaire de Misrata.