«Au fur et à mesure que s'approche le scrutin des législatives, les formations islamistes se détachent peu à peu de la réalité pour s'embourber dans l'utopie d'une victoire acquise avant même l'expression des urnes». Ce constat qu'évoque sous le sceau de l'anonymat l'un des militants d'un parti en attente d'agrément est aussi approuvé par l'un des responsables de la direction du FLN. «Le jour des élections, c'est l'expression des urnes qui définira le grand vainqueur. En attendant, toute autre évaluation anticipée ne pourra être qu'erronée», a soutenu Kassa Aissi, le chargé de communication du FLN, contacté hier. Il enchaîne en rappelant que c'est le SG du parti Abdelaziz Belkhadem qui a été le premier à supputer sur le réservoir de voix pouvant opter en faveur des formations islamistes et qui, selon le même responsable, ne dépasseraient pas les 35%. Par une telle estimation, Belkadem avait balayé d'un revers de la main toute possibilité d'un «raz-de-marée» des formations islamistes lors de la toute prochaine consultation électorale. Les propos de Belkhadem annoncés à Alger bien avant le retrait du MSP de l'Alliance présidentielle ont- ils précipité la décision de Bouguerra Soltani de rompre les liens avec ses désormais ex-partenaires du même conglomérat politique ? Possible. Ce qui est certain en revanche, c'est que le successeur de cheikh Nahnah à la tête du MSP nourrit inévitablement l'ambition de se replacer en tant que première force politique au lendemain des législatives de mai 2012. Est-ce bien à l'endroit de ce dernier que s'adresse cette petite phrase devenue célèbre d'Ahmed Ouyahia affirmant que «le pouvoir n'est pas un cadeau que l'on cède facilement». Une telle éventualité n'est pas à exclure, compte tenu de la rivalité qui prend forme progressivement entre le SG du RND et son ex-partenaire, le président du MSP. Ce dernier ne manquera d'ailleurs pas de critiquer violemment les propos d'Ahmed Ouyahia qui a qualifié «de fonds de commerce» l'utilisation de l'histoire de l'Algérie par la Turquie. A ce sujet, Bouguerra Soltani a clairement indiqué dans une conférence animée avant-hier que la «politique extérieure du pays est l'œuvre du président de la République et non pas du Premier ministre», feignant d'ignorer, d'une part, qu'au sein du gouvernement, il existe bel et bien un département des Affaires étrangères dirigé par Mourad Medelci et que, s'agissant de la Turquie, Ouyahia s'est exprimé en tant que SG du RND et non pas en sa qualité de Premier ministre. Pour revenir à la «menace» que représentent les partis islamistes dont les principaux cadres semblent assurés, avant l'heure, de la victoire aux législatives, le chargé de communication du RND a affirmé hier qu'il ne s'agit simplement que d'un «rêve» et rien de plus. Ne voulant pas accorder plus d'intérêt à la question, Miloud Chorfi a estimé que le plus important lors du prochain rendez-vous des urnes, c'est plutôt le fait que «ces législatives de 2012 se déroulent dans la parfaite transparence avec la participation massive de la classe politique, renforcée par la création de nouveaux partis», a-t-il indiqué en substance.