Le MSP au bord de l'implosion ! Le principal adversaire de Bouguerra Soltani, président du parti, claque la porte. Après avoir échoué dans sa tentative de prendre la tête du mouvement, Abdelmadjid Menasra, vice-président, opte pour une nouvelle formation. Son départ risque de porter un coup dur au parti. Jouissant de la confiance et de la sympathie d'un bon nombre de cadres et militants, M. Menasra ne va nullement partir les mains vides. S'il décide de se lancer dans l'aventure en donnant naissance à un nouveau parti, c'est sans doute parce qu'il est sûr de charrier avec lui, outre ses partisans, une bonne partie des militants et sympathisants mécontents. Depuis le décès de Mahfoudh Nahnah, président et père spirituel du mouvement, le parti connaît une guerre larvée de leadership. Cette lutte intestine, opposant le « clan » de Bouguerra Soltani à celui de Menasra, a éclaté au grand jour lors des travaux du quatrième congrès du parti tenu en avril 2008 à Alger. Fort de l'estime dont il jouit auprès des militants, M. Menasra s'est frontalement opposé à la reconduction de Bouguerra Soltani (successeur du défunt Nahnah à l'été 2003) pour un autre mandat à la tête du parti. Mais « les équilibres internes » dans la formation semblent avoir pris le dessus. Et M. Menasra a été amené à observer le silence. Mis à l'écart, M. Menasra n'hésitait pas à afficher tout de même son plein désaccord avec les « choix » du président du parti sur des questions d'intérêt national. Ainsi, il s'est distingué quant à la révision de la Constitution et à la question du troisième mandat. Il a considéré que la réforme de la loi fondamentale « n'est pas une priorité », citant l'exemple de présidents de par le monde qui ont préféré respecter la Constitution de leurs pays respectifs : au Liban, au Venezuela, en Russie et en Turquie. Pour lui, « si révision il y a, elle devra se faire autour d'un dialogue et émaner d'une volonté de réforme de la Constitution pour plus d'équilibre entre les institutions et non pas obéir à des visées partisanes ou personnelles ». M. Menasra s'est opposé au soutien du parti à un quelconque candidat à la présidentielle. Il demanda à ce que le MSP ait son propre candidat. Sa voix n'a pas été entendue. Le MSP, conduit par Soltani, qui est également ministre d'Etat sans portefeuille, reste au sein de l'Alliance présidentielle, soutenant le candidat Bouteflika aux côtés du RND d'Ahmed Ouyahia et du FLN de Abdelaziz Belkhadem. Mais Menasra, ancien ministre de l'Industrie et de la Restructuration, à l'époque où Soltani était ministre du Travail et de la Protection sociale, ne renonce pas à sa volonté de devenir leader politique. Il a saisi ainsi la « colère » des militants provoquée par le rôle secondaire confié au MSP lors de la campagne présidentielle pour le candidat Bouteflika. Une campagne dominée par les cadres du RND. M. Menasra tente-t-il de faire au MSP le coup qu'a fait Abdallah Djaballah, autre chef islamiste, au parti d'Ennahda, duquel il a été exclu en 1999 ? M. Djaballah avait réussi la prouesse de charrier avec lui la majorité des militants de ce parti en créant une nouvelle formation politique (El Islah) la même année. En réaction à cette initiative, Bouguerra Soltani a exprimé sa réprobation et son mécontentement, dénonçant des « tentatives » d'atteinte à la légitimité des instances élues du parti. Il a souligné, dans un communiqué transmis hier à notre rédaction, que « chacun est responsable de ses actes et libre de choisir l'espace qui lui convient pour son activité politique ». Le président du MSP a cependant affirmé que « les portes du parti restent ouvertes ». Affichant un peu de retenue, M. Soltani ne veut visiblement pas attiser la crise. Saura-t-il conserver l'unité du parti ? Difficile de parier.