Le leader du MSP a réitéré son appel pour la constitution d'un gouvernement de technocrates qui gérerait les affaires courantes du pays jusqu'à la tenue du scrutin. Bouguerra Soltani, président du Mouvement pour la société et la paix (MSP), a dénoncé hier les propos tenus par Ahmed Ouyahia contre la Turquie. Le Premier ministre affirmait que «les Turcs doivent cesser de faire de la colonisation de l'Algérie un fonds de commerce». «Le colonialisme français a causé la mort de 5,5 millions d'Algériens de 1830 à 1962. Pourquoi des dirigeants sont complexés lorsqu'il s'agit de demander le repentir de la France, le pardon et les indemnisations ?», s'interroge le président du MSP. Et d'ajouter : «Bien au contraire, il faut remercier Tayyip Erdogan, Premier ministre turc, pour avoir osé parler des crimes commis durant la période coloniale.» Dans le même sillage, il a ajouté, s'adressant à Ouyahia : «Les Algériens utilisent-ils la question sahraouie comme un fonds de commerce ? Nasser, Bourguiba, Mohammed V ont-ils exploité la question algérienne et la Guerre de libération nationale comme un fonds de commerce ? Il faut être juste et raisonnable. Erdogan a évoqué les massacres d'Algériens juste comme un exemple pour rappeler à la France ses crimes, vu que le Parlement français a voté une loi criminalisant la négation du génocide arménien.» En revanche, Bouguerra Soltani estime que «si les propos d'Ouyahia reflètent la position officielle de l'Etat algérien, il faut s'en inquiéter car ces déclarations sont très graves. Mais en tant que secrétaire général d'un parti, on peut croire que c'est seulement la vision du RND». B. Soltani, qui a animé une conférence de presse hier, au siège de son parti, a par ailleurs appelé Abdelaziz Bouteflika à dissoudre l'actuel gouvernement : «Depuis les échéances électorales de 1997, c'est toujours le parti du Premier ministre ou du chef de gouvernement en place qui remporte les élections législatives.» Le président du MSP craint-il des irrégularités au prochain rendez-vous électoral ? Le chef du parti islamiste ne fait pas pour autant allusion à la fraude. «Les Algériens, par nature et par culture électoraliste, voire par pragmatisme, votent toujours pour celui qui détient les rênes du gouvernement et ce, pour éviter un étouffement financier», a-t-il argumenté. Dans la foulée, il a réitéré son appel pour la constitution d'un gouvernement de technocrates qui gérerait les affaires courantes du pays jusqu'à la tenue du scrutin. En outre, Soltani tient à rappeler à Ouyahia que «ce n'est pas au Premier ministre de mettre fin aux fonctions des ministres». «L'Alliance présidentielle ferme le champ politique» Bouguerra Soltani a rappelé par ailleurs les raisons ayant mené le MSP au retrait de l'Alliance présidentielle : «L'Alliance, de par son inactivité, empêchait l'émergence d'une véritable démocratie, cadenassait le champ politique et ne croyait pas à l'alternance à la chefferie du gouvernement.» Toutefois, Soltani souligne que son parti «continuera à soutenir Abdelaziz Bouteflika». «Se démarquer des deux partis, le FLN et le RND, ne veut pas dire abandonner le chef de l'Etat», indique-t-il. Encore une fois, Soltani n'a pas manqué de répondre à Ouyahia. Ce dernier affirmait, au dernier conseil national du RND, qu'«on ne rejoint pas l'opposition à la dernière minute» et ce, pour critiquer le nouveau positionnement du MSP. Le président du parti islamiste ironise : «Dans une rencontre de football, les buts les plus efficaces et les plus beaux sont marqués au-delà de la 88e minute.» Enfin, si présentement «le FLN et le RND sont devenus des concurrents directs du MSP et non des ennemis», soutient Soltani, «la création d'une alliance islamiste est plausible». «C'est possible, mais nous nous efforcerons de discuter avec les représentants de tous les courants», a-t-il assuré.