Une intervention militaire contre l'Iran ne fera qu'aggraver la situation autour du dossier nucléaire, a déclaré hier à Moscou le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov. «Toute frappe militaire contre le territoire iranien est inadmissible, car susceptible de rendre la situation encore plus critique» a indiqué M. Gatilov. La tension autour de l'Iran et son programme nucléaire est récemment montée d'un cran après que Téhéran eut menacé de fermer le détroit d'Ormuz au transit de pétrole en cas de sanctions occidentales contre les exportations pétrolières iraniennes. La marine américaine a promis d'empêcher la fermeture du détroit. De son côté, le président israélien Shimon Peres a déclaré, dans une interview à propos du problème iranien, que «la possibilité d'une attaque militaire était plus proche qu'une option diplomatique». La Russie s'oppose également à un embargo pétrolier contre l'Iran, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères. «Aucune décision ne doit être prise à ce sujet dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse à Moscou. Selon le diplomate, l'Occident appelle à décréter contre l'Iran des sanctions essentiellement économiques, notamment un embargo pétrolier. «Nous, la Russie, ne sommes pas d'accord», a affirmé M. Gatilov. Et d'ajouter que «la Russie ne soutiendrait aucune proposition qui dépasse le cadre des mesures restrictives adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU». De son côté, le vice-ministre américain de l'Energie Daniel Poneman a assuré, hier à Johannesburg, que le monde pouvait se passer du pétrole iranien, qui couvre notamment le quart des besoins de l'Afrique du Sud. «C'est un marché mondial, le pétrole est fongible et facile à transporter», a déclaré M. Poneman, en tournée en Afrique dans un contexte de recrudescence des tensions avec l'Iran, devant des journalistes. «Pour cette raison, si nous nous débrouillons bien et de façon responsable, le monde est capable de satisfaire la demande actuelle sans rupture de stock, même si nous essayons de mettre la pression sur l'Iran pour qu'il se plie à ses obligations de non-prolifération nucléaire», a-t-il ajouté. Pour sa part, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a assuré lundi soir que son pays pouvait rapidement compenser les exportations de brut de l'Iran en cas de sanctions pétrolières occidentales contre ce pays soupçonné de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN qui devait être diffusée lundi soir, M. Nouaïmi a ajouté que si l'Iran mettait à exécution ses menaces de fermer le détroit d'Ormuz, cette voie d'eau stratégique à l'entrée du Golfe ne resterait pas longtemps fermée. «Nous produisons actuellement entre 9,4 et 9,8 millions de barils par jour (mbj)» et «nous avons une capacité de production de 12,5 mbj», a indiqué le ministre saoudien. D'autres pays et non des moindres, à l'instar de l'Inde, de l'Afrique du Sud, des pays de l'Amérique du Sud, la Chine et le Japon sont contre l'embargo du pétrole iranien. Le monde se dirige-t-il vers une troisième guerre mondiale étant donné la pression exercée sur la Syrie, le Liban, l'Iran et peut-être à l'avenir sur la Chine et la Russie ?