Les Etats-Unis ont envoyé une lettre à l'Iran à propos du détroit d'Ormuz, a affirmé, hier, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, cité par la presse officielle. "L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Suzanne Rice, a remis une lettre à Mohammad Khazaie, le représentant de l'Iran à l'ONU, l'ambassadrice suisse à Téhéran a transmis le message et enfin le président irakien Jalal Talabani a également transmis aux responsables de la République islamique son contenu", a déclaré M. Mehmanparast, sans le dévoiler. La Suisse représente les intérêts américains en Iran depuis la rupture des relations entre les deux pays en 1980. "Nous sommes en train d'examiner la lettre et si nécessaire nous y donnerons une réponse", a ajouté M. Mehmanparast. Vendredi, le quotidien américain New York Times, avait affirmé que les Etats-Unis avaient utilisé un canal secret pour mettre en garde le guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei contre une fermeture du détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le trafic pétrolier. Fin décembre, Téhéran avait menacé de fermer le détroit si les pays occidentaux adoptaient des sanctions contre ses exportations pétrolières en raison de son programme nucléaire controversé. La Maison Blanche est entrée en contact avec le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, l'avertissant qu'une éventuelle fermeture du détroit conduirait à une réponse des Etats-Unis, affirmait le quotidien, citant des responsables américains sous couvert d'anonymat. Ces responsables n'ont pas fourni de détails sur le canal secret utilisé, indiquant simplement qu'il ne s'agissait pas de la voie employée habituellement par Washington pour communiquer avec Téhéran, à savoir l'ambassade de Suisse. La tension est vive entre l'Iran et les Etats-Unis avec les mises en garde répétées de l'Iran contre la présence de la marine américaine dans le Golfe, relançant les craintes d'une éventuelle fermeture du détroit d'Ormuz, par lequel transite 35% du pétrole brut transporté par voie maritime dans le monde. En dépit de ces menaces, Washington a promis de maintenir ses navires de guerre déployés dans le Golfe mais aussi assurer que le trafic maritime pétrolier par le détroit d'Ormuz ne soit pas perturbé par une intervention militaire iranienne. L'Iran met en garde les pays du Golfe L'Iran a lancé, hier, un avertissement aux monarchies du Golfe, les pressant de ne pas compenser ses exportations pétrolières en cas de nouvelles sanctions occidentales contre son programme nucléaire controversé. Si les pays pétroliers du Golfe Persique donnent le feu vert pour remplacer le pétrole iranien (en cas de sanctions) et coopèrent avec les pays aventuriers (occidentaux), ils seront responsables des incidents qui se produiront et leur geste ne sera pas amical, a déclaré le représentant de l'Iran auprès de l'Opep, Mohammad Ali Khatibi. Plusieurs responsables occidentaux ont affirmé ces dernières semaines que des pays pétroliers du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, allaient remplacer le pétrole iranien en cas de sanctions pour convaincre les pays asiatiques, en particulier le Japon et la Corée du Sud, de se joindre aux sanctions occidentales contre les exportations pétrolières de l'Iran. Si les pays du Golfe proclament clairement leur intention de ne pas compenser le pétrole iranien en cas de sanctions, les pays aventuriers ne seront pas enclins à prendre de telles décisions, a encore déclaré le responsable iranien, dont le pays est accusé de développer l'arme atomique par le biais de son programme nucléaire. Cité dimanche par le quotidien saoudien al-Watan, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a en revanche déclaré que son pays était capable de produire 12,5 mbj, de répondre aux besoins du marché mondial et de satisfaire toute augmentation de la demande des pays consommateurs. L'Arabie Saoudite produit actuellement quelque 10 millions de barils de pétrole par jour. L'Union européenne (UE) doit finaliser le 23 janvier les modalités d'un embargo sur le pétrole iranien, qui pourrait être mis en place progressivement sur six mois. L'Iran, deuxième producteur de l'Opep, produit 3,5 millions de barils de pétrole par jour et tire 80% de ses devises de ses exportations pétrolières. Téhéran vend quelque 450 000 barils par jour (18% de ses exportations) à l'Union européenne, essentiellement à l'Italie (180 000 b/j), à l'Espagne (160 000 b/j) et à la Grèce (100 000 b/j), trois pays en mauvaise posture économique du fait de la crise de la dette. Les principaux clients asiatiques du pétrole iranien, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Inde et la Turquie, ont rejeté les sanctions occidentales ou se sont montrés réticents. Le chef de la diplomatie nippone Koichiro Gemba, a estimé vendredi qu'un tel embargo pourrait avoir des effets négatifs non seulement sur l'économie japonaise, mais aussi sur l'économie mondiale. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait réagi en affirmant qu'il y a des possibilités pour certains pays producteurs de pétrole de prendre la relève de ce que l'Iran ne mettrait plus sur le marché, en faisant référence à l'Arabie saoudite. Les Etats-Unis et les pays européens veulent imposer des sanctions unilatérales pétrolières et financières contre l'Iran pour l'amener à renoncer à son programme nucléaire controversé. Ce que Téhéran refuse. Nous ne nous inquiétons pas des sanctions américaines, nous avons suffisamment de clients pour notre pétrole, a déclaré de son côté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast. Il a ajouté que l'objectif des Etats-Unis est d'affaiblir ses futurs rivaux économiques qui sont la Japon, la Chine et l'Inde en déstabilisant le marché pétrolier international. Ces dernières semaines, l'Iran a soufflé le chaud et le froid en affirmant qu'il avait la capacité de fermer le détroit d'Ormuz, par où transite 35% du trafic pétrolier maritime mondial, avant de revenir sur ces menaces.