La secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a ouvertement critiqué la version du ministère de l'Intérieur concernant l'enlèvement, lundi dernier, du wali d'Illizi. Lors du discours inaugural des travaux du bureau politique qu'elle a présidés hier au siège de son parti, elle a déclaré que l'histoire racontée par Ould Kablia ressemble à un film de science-fiction, en affirmant que l'affaire de l'enlèvement est préméditée par un groupe et vise à provoquer l'Algérie. Outrée par les explications non «fondées» du ministre de l'Intérieur concernant le kidnapping du wali d'Illizi, la SG du PT n'a pas fait dans la dentelle pour critiquer Ould Kablia, qui a minimisé les faits. Le ministre de l'Intérieur, selon elle, «parlait comme s'il s'agissait d'un simple enlèvement opéré par un groupe d'enfants qui errait dans le désert !» Elle affirme que cette opération a été bien planifiée et porteuse d'un message clair, à savoir que «les initiateurs peuvent intervenir dans le pays». De même, a-t-elle estimé, le traitement de l'affaire par les pouvoirs publics les rend redevables envers l'autorité libyenne, puisque certains responsables ont entamé des appels téléphoniques avec des responsables libyens sans évaluer les conséquences. Elle justifie ses accusations par le fait que les autorités du pays voisin aient avancé que les ravisseurs se sont échappés. Selon elle, c'est de la pure manigance afin de ne pas révéler leur identité. Une indication du leader du PT que les Libyens étaient, à l'avance, au courant de l'affaire. Louiza Hanoune considère, dans le même registre, que la Libye est une «bombe à retardement» parmi d'autres bombes dont il faut se préserver avant les élections législatives. La porte-parole a précisé que le gouvernement est en train de préparer les conditions nécessaires pour y échapper, mais «même si nous les avons dépassés durant la dernière phase, les risques qui lui sont associés existent toujours et peuvent avoir des retombés négatives». Elle revient par ailleurs sur la détermination du gouvernement américain à envoyer 12 000 soldats en Libye après avoir prétendument «désarmé la régioné. Ceci n'est qu'un «prétexte», dira-t-elle, pour occuper la région et mettre en place la base militaire «Africom», ajoutant ironiquement que «l'Amérique a distribué aux rebelles des armes hier, et aujourd'hui, elle appelle au désarmement». Dans le même registre, la leader du PT a estimé que le Qatar joue un rôle prépondérant dans la réalisation des ambitions américaines dans la région, mais en revanche, elle a critiqué la position du gouvernement algérien qui vient de renforcer les relations avec Doha, en imaginant que cette coopération est une sécurité contre la menace extérieure. De l'avis de Mme Hanoune, les provocations en direction de notre pays ne viennent pas uniquement de l'extérieur. Elle profite de l'occasion pour tirer sur le chef du MAK, Ferhat M'henni, qui a dernièrement déclaré que «les problèmes qui existent entre les Kabyles et l'Etat sont plus graves que les «malentendus» qui existent entre les colons et cette population par le passé». Pour clore son intervention, la porte-parole du PT a appelé le président de la République à assainir la scène politique avant les élections législatives.