Si, comme l'avaient déclaré lundi soir les deux ministres algérien et marocain des Affaires étrangères, l'Algérie et le Maroc sont animés d'une «forte volonté» d'imprimer une «nouvelle impulsion» à leurs relations bilatérales dans tous les domaines, il n'en demeure pas moins que les questions qui fâchent, à savoir la réouverture de la frontière terrestre et la question sahraouie, ont été «soigneusement» évincées de leurs discussions. Mourad Medelci et Saâd Eddine El Othmani ont fait mine, hier, lors de la conférence de presse conjointe tenue au siège du ministère des Affaires étrangères, de s'entendre sur tout, y compris sur les deux questions dont il est «prématuré» d'en parler. «Le gouvernement algérien considère le développement des relations avec le Maroc comme une de ses priorités, ainsi que la question des frontières qui devront être traités dans le cadre d'une vision cohérente et globale», a déclaré M. Medelci en réponse à une question sur la réouverture des frontières. Son homologue marocain lui emboîtant le pas déclare : «Nous allons ouvrir un dialogue permanent, le temps nous permettra de trouver des solutions.» La question sahraouie qui a de tout temps «plombé» les relations entre les deux pays a aussi été évincée. «Nous n'avons pas évoqué le problème du Sahara», a révélé Medelci, tout en avouant espérer «trouver une solution à l'avenir». «Ce que je peux vous dire, c'est qu'il existe une volonté politique, de part et d'autre, pour agir», a consenti Medelci, qui évoque dans ce sens «des défis à relever et qui nous imposent des efforts supplémentaires exceptionnels». «Il y a une solution à chaque problème», a consenti le ministre. «Je vous ai dit qu'il ne faut pas s'attendre à des réponses sur tout», a tranché Saad Eddine El Othmani, qui précise que sa première visite à l'étranger (Algérie) est «une première prise de contact». «Avec le temps, nous espérons apporter des réponses à toutes les questions posées actuellement», a-t-il ajouté. Coopération entre les deux pays, «une renaissance» En revanche, les deux ministres ont affiché leurs dispositions à approfondir la concertation politique et le développement de la coopération économique entre les deux pays dans divers domaines. M. Medelci s'est félicité de la «nouvelle impulsion» que connaît la coopération entre les deux pays, la qualifiant de «renaissance» dans les relations algéro-marocaines. «Nous espérons que l'année 2012 soit plus fructueuse dans le domaine de la coopération comparativement à 2011», a souhaité Medelci. Le chef de la diplomatie algérienne démentira dans la foulée les propos selon lesquels il n'y avait pas réellement «jusqu'à aujourd'hui» de relations entre les deux pays. Il en veut pour preuve le volume des échanges commerciaux entre les deux pays «qui occupe la première place au niveau africain et la deuxième au niveau arabe, avec plus d'un milliard de dollars annuellement». De son côté, le ministre marocain des Affaires étrangères a affirmé que «le dépassement des obstacles au développement des relations politiques et économiques à tous les niveaux (avec l'Algérie) constitue la priorité des priorités» pour son pays. M. El Othmani a mis l'accent sur la nécessité de procéder à une évaluation de la coopération bilatérale en vue de sa diversification et son élargissement à d'autres secteurs, notamment l'enseignement supérieur, la recherche scientifique et l'éducation. «Nous encourageons aussi la coopération entre les parlementaires, les hommes d'affaires et les associations de la société civile des deux pays pour établir des mécanismes de coopération solides et stables», a-t-il ajouté. D'ailleurs, a-t-il révélé, «il a été décidé de tenir des réunions bi-annuelles d'évaluation de la coopération», suggérant la mise en place d'un mécanisme de suivi au niveau des deux gouvernements. Il a également fait état de la suggestion de convoquer une réunion de la haute commission mixte de coopération courant 2012, rappelant que cette commission ne s'était pas réunie depuis 1994. A une question sur le trafic de drogue aux frontières des deux pays et l'expropriation des Algériens résidant au Maroc, M. El Othmani a indiqué que «cette question avait fait l'objet de discussions entre les deux parties dans le passé avant qu'elles ne s'interrompent». Il a précisé que ces questions seront à l'ordre du jour des rencontres devant réunir les responsables des deux pays «afin de les examiner et de trouver des solutions». L'UMA au menu des discussions Les deux parties ont également abordé dans leurs entretiens la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA), prévue à Rabat le 17 février prochain. «Une opportunité pour réactiver l'UMA, en tenant compte des orientations des dirigeants des pays membres», a précisé Medelci qui affirmera que l'Algérie et le Maroc aspiraient à «amorcer» une nouvelle étape d'action intermaghrébine. «Nous aspirons à amorcer une nouvelle étape d'action intermaghrébine compte tenu de l'accroissement des regroupements régionaux et internationaux». «Nous souhaitons la poursuite de la coordination autour des questions d'intérêt commun dans notre espace maghrébin, arabe et méditerranéen pour cristalliser les positions qui font de l'Union du Maghreb arabe (UMA) un partenaire régional actif», a souligné M. Medelci, lors de la séance de travail tenue lundi qui a été élargie aux membres des délégations des deux pays. Il a également exprimé le souhait des deux pays de voir l'Union maghrébine devenir «l'interlocuteur des autres regroupements régionaux particulièrement l'Union européenne (UE)» ainsi que dans les questions relatives à l'avenir des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Le chef de la diplomatie algérienne a précisé que la place qu'ambitionne d'occuper l'UMA est de plus en plus importante au vu «des développements accélérés en cours dans le monde».