La volonté du président tunisien Mohammed Moncef Marzouki de rouvrir l'espace maghrébin à travers la relance de l'UMA semble aboutir à ses premiers résultats. Et pour cause, les cinq dirigeants des pays du Maghreb viennent de s'entendre sur le principe d'une rencontre au sommet devant se tenir avant de l'année en cours. L'annonce de cette rencontre a été faite par le président Marzouki à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a tenue en marge de sa visite officielle en Algérie. «Nous sommes convaincus que le défi essentiel qu'il nous faudra réaliser, c'est bien la réouverture de l'espace maghrébin à travers la relance de l'UMA. Nous appelons donc en ce sens à la consécration de ce que je nomme les cinq libertés au profit des peuples du Maghreb. Il s'agit de la circulation, celle de l'installation, de travail, de la propriété, et enfin la liberté de la participation aux élections locales», a déclaré le président tunisien. Il enchaîne en affirmant que ses efforts entrepris en direction des chefs d'Etat maghrébins à même de les convaincre sur la question lui ont permis d'obtenir l'accord de principe en vue de la tenue d'une rencontre au sommet qui désormais est programmée avant la fin de l'année en cours, a-t-il dit sans formuler davantage de détails en termes d'échéance. «Ce sommet se tiendra probablement à Tunis», a ajouté le conférencier précisant que cette rencontre de haut niveau sera précédée par une étude approfondie de la totalité des dossiers en suspens au niveau maghrébin et qu'en ce sens, il sera fait appel à des commissions de spécialistes pour accomplir cette mission.
Un sommet «hors pair» Le président tunisien a insisté sur l'organisation d'un sommet «hors pair», soit complètement différent de ceux qui l'ont précédé. «Ce sommet sera sérieux et ses résultats palpables. Cette rencontre revêtira une véritable valeur car nous ne tenons pas à accabler nos peuples en convoquant des réunions de forme», a-t-il ajouté. Cependant, peut-on concevoir une réelle dynamisation de l'UMA sans une normalisation globale des rapports algéro-marocains, d'une part, et sans la résolution du conflit du Sahara occidental, d'autre part ? Cette question a été posée au président tunisien qui fera savoir dans sa réponse qu'il est, en effet, «impossible d'imaginer un Maghreb réuni sans la réconciliation totale des relations algéro-marocaines». Il affirme avoir décelé à l'occasion des entretiens qu'il a eus avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le roi du Maroc Mohammed VI «une réelle volonté d'assainir les différends qui opposent les deux pays, notamment celui lié aux frontières», a-t-il dit. S'agissant du conflit opposant le Maroc à la République du Sahara occidental, le président tunisien préconise de le contourner momentanément à même de permettre une dynamisation des structures de l'UMA. Il estime pour autant que «le problème du Sahara occidental est une réalité qu'on ne peut ignorer», ajoutant que «c'est une question épineuse, difficile et douloureuse sur le plan humain». Rappelant que le règlement de ce conflit est posé actuellement au niveau de l'ONU, Moncef Marzouki a toutefois soutenu que, pour l'heure, «les pays du Maghreb sont appelés à œuvrer progressivement à mettre en place de nouveaux jalons permettant la construction maghrébine». La Tunisie réclame l'extradition du président déchu A une question liée à l'extradition du président tunisien déchu, exilé depuis sa fuite de Tunisie dans la capitale saoudienne Ryadh, Moncef Marzouki fera savoir que les nouvelles autorités tunisiennes réclament des dirigeants saoudiens l'extradition de celui qu'il a qualifié de «criminel». «Nous sollicitons nos frères en Arabie Saoudite de nous remettre ce criminel. Toutefois, nous ne ferons pas de cette demande une condition sine qua non pour la continuité des relations entre nos deux pays», a-t-il déclaré, en affirmant son engagement à assurer un «procès équitable» à l'ex-président tunisien, tout en insistant sur «la revendication légitime de la Tunisie à récupérer l'argent et les biens détournés par Ben Ali». A une autre question liée au renvoi de l'ambassadeur de la Syrie, il dira que la décision prise par Tunis a été «souveraine» et que celle-ci a été motivée par le fait que l'ambassadeur renvoyé dans son pays représente un «régime tyrannique qui, en tirant sur son propre peuple, a perdu toute légitimité». S'agissant par ailleurs du sort qui sera réservé à l'ancien Premier ministre libyen Mahmoudi El-Baghdadi, réfugié actuellement en Tunisie, le président Marzouki a affirmé qu'il ne sera pas procédé à son extradition dans son pays «tant que la Libye ne dispose pas encore d'un système de justice équitable». Il expliquera cette prise de décision en affirmant que «l'honneur de la Tunisie nous empêche de renvoyer cette personnalité mais il sera toutefois renvoyé dans son pays une fois toutes les conditions réunies». Il argue en ce sens que la dynamisation de l'UMA pourrait également constituer un gage à même de consacrer la stabilité de la Libye.