Le Directeur du renseignement national américain (DNI), M. James Clapper, et celui de l'Agence du renseignement de la Défense, M. Ronald Burgess, ont indiqué jeudi que les attentats à la bombe perpétrés durant ces derniers mois en Syrie seraient probablement l'œuvre d'Al-Qaïda de l'Irak. Intervenant lors d'une audition devant le Congrès, M. Clapper a considéré que ces attaques qui ont ciblé des immeubles abritant les services de sécurité et de renseignement syriens "comportent toutes les marques d'attaques d'Al-Qaïda''. A ce propos, il a émis l'hypothèse que les groupes d'opposition syriens eussent été infiltrés par Al-Qaida ‘‘probablement à leur insu''. La ville d'Alep avait été secouée vendredi dernier, pour la première fois depuis le début de la révolte, par un double attentat sanglant qui avait fait une trentaine de morts après ceux de décembre et de janvier qui avaient touché Damas en faisant quelque 70 morts. Selon le patron de DNI, en cas de chute du régime de Bachar Al Assad, ‘‘le manque de cohésion entre les groupes d'opposition pourrait laisser une vacance de pouvoir que les extrémistes pourraient combler''. Ce qui pourrait constituer, a-t-il poursuivi, une évolution ‘‘inquiétante'' de la situation en raison, selon lui, de la possession par la Syrie de vastes sites d'armes chimiques. Outre les affirmations de MM. Clapper et Burgess, plusieurs analystes avancent que l'organisation d'Al-Qaïda chercherait à exploiter la crise syrienne et à relancer ses ambitions régionales après avoir été mise à l'écart durant les soulèvements populaires dans plusieurs pays arabes. Selon Seth Jones, politologue à la Rand Corporation, ‘‘il semble y avoir un mélange très complexe de réseaux qui luttent contre le gouvernement syrien, dont la branche irakienne d'Al-Qaïda en Irak". Pour d'autres, certains extrémistes revenus d'Irak pour combattre en Syrie ‘‘ont l'expertise nécessaire pour mener à bien les attentats à grande échelle'' et tentent ‘‘de prendre avantage de la violence en Syrie'', considérant qu'il s'agirait d'un ‘‘opportunisme pur et simple." Par ailleurs, des responsables de la communauté du renseignement américain, dont les propos sont rapportés jeudi par New York Times, craignent un remake du scénario libyen en Syrie pour la question de disparition des armes. ‘‘La situation chaotique en Syrie peut permettre aux organisations terroristes d'acquérir des armes chimiques ou des lance-missiles portables (MANPAD) pour abattre des avions de ligne commerciaux'', redoutent-ils. Mais selon le secrétaire d'Etat adjoint pour la sécurité internationale et la non-prolifération, Thomas Countryman, ‘‘il y a une différence significative entre les deux pays: la Libye avait signé un traité international des armes chimiques, et avait donc identifié l'emplacement et la taille de ses stocks, tandis que la Syrie n'est pas signataire de cette convention''.