Le marché de l'informel continue de prendre des proportions alarmantes en Algérie. M. Mustapha Benbada, ministre du Commerce, a insisté hier, lors de l'ouverture du premier colloque international sur l'économie nationale, sur le phénomène, déclarant à ce sujet : «Il est certes difficile de cerner avec exactitude l'ampleur de ce phénomène au regard de sa nature occulte, mais il n'en demeure pas moins que les investigations menées par les services de contrôle du ministère du Commerce ont permis la découverte, ces trois dernières années, de transactions commerciales sans factures pour un montant global de 155 milliards DA.» Le rendez-vous organisé à l'hôtel Hilton par le Cercle pour l'action et la réflexion autour de l'entreprise (Care) a été l'occasion pour plusieurs acteurs, dont les services douaniers, de faire la lumière sur le déficit économique engendré. Ce phénomène peut constituer, dit-il, une menace sérieuse pour l'outil de production et risquerait par conséquent de mettre en péril les fondements de l'économie nationale dans son ensemble. «Des mesures ont été instaurées par les pouvoirs publics afin de relancer la production nationale et lutter contre les différentes formes de fraudes et d'atteintes à l'économie nationale», a déclaré le ministre. Par ailleurs, le manque d'entreprises spécialisées dans, notamment, la grande distribution et d'infrastructures adéquates a favorisé, selon le ministre, le développement des activités commerciales souvent situées sur des sites inadaptés et ne répondant pas forcément aux normes et standards exigés en la matière. Ces activités ont fini par occuper une grande partie des rues et des quartiers, et ce au détriment de la quiétude des citoyens et des intérêts des commerçants légaux. «Bien que ce type de commerce soit socialement utile du fait qu'il emploie plusieurs personnes, ce genre d'activité demeure néanmoins porteur de risques sur le plan de la santé et de la sécurité des consommateurs», a expliqué le premier responsable du secteur. Seuls 13% de commerçants inscrits au registre du commerce à Alger Les pouvoirs publics ont, par ailleurs, pris un certain nombre de mesures, dont notamment la mobilisation d'une enveloppe financière de plus de 4 milliards DA, pour la réalisation et l'aménagement des espaces commerciaux de proximité dont la concrétisation devrait aboutir à l'insertion des commerçants informels dans le marché légal, a déclaré Benbada, qui a annoncé également l'adoption d'un plan d'actions complémentaire de réalisation de marchés pour résorber le déficit en infrastructures commerciales, avec un financement de 10 milliards DA d'ici à 2014. «Le ministère a aussi lancé une opération d'accompagnement, en exonérant à titre transitoire les nouveaux commerçants installés sur des sites aménagés au niveau des collectivités locales pour les deux premières années d'activité. Le commerçant bénéficie aussi d'un abattement de trois ans, à savoir 75% pour la première année, 50 pour la seconde et 25 pour la troisième et dernière année», a-t-il rappelé. Il y a lieu de citer aussi l'assouplissement de l'exercice pour les jeunes désirant intégrer les espaces aménagés par les collectivités locales sur la base d'une autorisation provisoire délivrée par la commune. Le ministre a, en outre, précisé que la capitale compte 13% de commerçants inscrits au registre du commerce. Le passage d'une situation de monopole et de pénurie à une autre de concurrence et d'abondance a, selon l'intervenant, été accompagné par des pratiques frauduleuses et anticoncurrentielles, à l'origine de la prolifération d'une économie parallèle ou informelle. «L'expansion actuelle de l'économie informelle obéit de plus en plus à des objectifs occultes et à des motivations de gain facile, d'enrichissement illicite et d'évasion fiscale», a-t-il estimé, ajoutant que «les résultats d'enquêtes réalisées ces derniers années par le secteur du commerce démontrent que ce phénomène affecte, à des degrés différents, plusieurs branches d'activités et notamment les services, l'industrie de transformation, l'agriculture, le commerce extérieur et la distribution, tant au stade du gros que du détail.»