«Les accords d'Evian ont mis fin à plus de 130 ans de colonisation française», a indiqué hier Réda Malek, porte-parole de la délégation algérienne aux accords d'Evian lors du forum d'El Moudjahid. En qualité d'acteur de cet important évènement, il n'a pas manqué de témoigner que la signature de ces accords le 18 mars 1962 entre le gouvernement français et les représentants du Front de libération nationale (FLN) avait également déterminé le devenir d'une Révolution qui a duré près de huit ans. Des accords qui étaient le fruit de négociations longues et difficiles, a-t-il reconnu. «Cela n'était pas facile car la France a voulu garder sous sa coupe la partie sud du pays et les bases militaires», a affirmé le conférencier. Une proposition «non négociable» pour les membres de la délégation algérienne qui avait insisté sur trois principes inclus dans la Déclaration du 1er Novembre, à savoir l'unité et l'intégrité du territoire du pays, l'unité du peuple et la souveraineté totale. «On a refusé de créer un Etat dans un Etat», dira-t-il. Sur la question du devenir d'un million d'Européens en Algérie et de leurs biens, la position de notre délégation était «flexible», a-t-il dit. «Cette communauté pouvait prendre la nationalité de son choix». «Il s'agit là, a-t-il précisé, du délai de trois ans accordé à cette communauté pour choisir entre la nationalité algérienne et la nationalité française». En revanche les représentants français ont réclamé un statut particulier pour les Européens qui constituaient la minorité de la population. Revenant sur le chemin parcouru avant d'arriver à ces accords décisifs, le porte- parole de la délégation algérienne à Evian a fait savoir que les premiers contacts avaient commencé entre les deux côtés en mai 1961 et ils ont été conduits par Belkacem Krim (ministre des affaires étrangères du gouvernement provisoire algérien) et par Louis Joxe, ministre pour les Affaires algériennes du côté français. Cette première étape de négociations qui s'étalera jusqu'au 15 juin 1961 n'a pas enregistré les résultats souhaités à cause de l'insistance de la France sur les points refusés par les Algériens. Néanmoins, ces points dits «non négociables» par les représentants algériens ont par la suite été clarifiés lors de l'étape suivante des accords d'Evian II. Ainsi, le 18 mars 1962, l'Algérie a pu arracher son indépendance avec la signature de ces accords suivie de l'entrée en vigueur d'un cessez-le feu à partir du lendemain, c'est-à-dire le 19 mars 1962. Le conférencier a enchaîné pour dire que «le 19 mars qui représente une journée politique devrait être réhabilité». Pour sa part, Karima Krim, la fille du valeureux révolutionnaire et signataire de ces accords, invitée au forum, n'a pas manqué de relever que «la guerre mange ses hommes». Elle dira que «cette journée marque la fin d'une guerre féroce et c'est grâce à ces accords que nous jouissons aujourd'hui de cette liberté». Elle a plaidé pour marquer à jamais cette date dans les mémoires des générations montantes, de déclarer le 19 mars journée chômée et payée. Ce forum organisé par l'association Machaâl Echahid a été l'occasion de rendre hommage à la famille de Krim Belkacem.