Le réalisateur Ahmed Rachedi a souligné mardi que le cinéma a perpétué le travail de mémoire et la glorification de la guerre de libération qui a permis aux Algériens de retrouver leur dignité. Invité d'une rencontre organisée à la salle Atlas, M. Rachedi a ajouté qu'il poursuivra personnellement le travail de glorification de la révolution de Novembre à travers ses films comme il l'a déjà fait depuis "L'opium et le bâton" en 1969. Le réalisateur du "Moulin de M. Fabre" a en outre souligné qu'il est important que le cinéma aborde des thèmes sur la guerre de libération d'autant que l'Algérie s'apprête à célébrer le cinquantenaire de l'indépendance. Il a estimé à ce propos que bien que le cinéma algérien ait évoqué au début de son parcours la guerre de libération, de nombreux aspects sont tout de même restés inexploités comme "le congrès de la Soummam" et "les grandes batailles" menées par l'ALN contre l'occupant. Il a en outre insisté sur la production de films sur les héros de la Révolution qui ont joué des rôles décisifs dans le déclenchement de la lutte armée. "Chacun de ces martyrs mérite plus qu'une œuvre cinématographique", a-t-il soutenu avant de rappeler que "la France a produit 93 films sur Napoléon". Le cinéma doit aussi, a-t-il dit, aborder les thèmes restés tabous jusque là, affirmant que l'œuvre cinématographique ne devait pas se limiter à l'histoire contemporaine mais toucher à l'histoire ancienne de l'Algérie et à l'époque Ottomane. M. Rachedi a abordé les difficultés rencontrées par les réalisateurs pour le tournage de films sur les héros de la Révolution notamment l'absence de documents écrits ou d'ouvrages historiques rappelant qu'il n'existe aucun livre sur Mustapha Benboulaid, sujet d'un de ses films tout comme il n'y a qu'un seul et unique ouvrage sur Krim Belkacem, thème de son prochain film. Le réalisateur s'est toutefois demandé pourquoi il n'y avait jusqu'à l'heure aucun projet de film sur le colonel Lotfi, Larbi Ben M'hidi et Krim Belkacem, alors que le projet qu'il a proposé dans ce sens est resté sans suite. "Je ne sais pas où est le problème. Le scénario a été validé par les commissions de lecture des ministères de la Culture et des Moudjahidine qui ont demandé quelques légères modifications qui ont été prises en compte", a-t-il dit. Il s'est également interrogé sur la finalité d'annoncer une liste de 230 projets à l'occasion du cinquantenaire pour qu'un seul de ces derniers "Zabana" en l'occurrence soit finalement réalisé. M. Rachedi a de nouveau mis l'accent sur la nécessité de perpétuer le travail de mémoire alors que l'Algérie est en phase de célébrer le cinquantenaire de son indépendance, soulignant qu'"en tant qu'Algériens nous devons protéger notre histoire et faire échec aux tentatives visant son utilisation à des fins personnelles". Il a évoqué l'intense activité médiatique menée sur l'autre rive de la Méditerranée à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance et qui s'inscrit, selon lui, dans une tentative visant à mettre le colonisateur et le colonisé sur le même pied d'égalité. M. Rachedi a regretté par ailleurs que le cinéma algérien qui a connu des débuts glorieux et un succès retentissant que lui envièrent les cinémas arabe et africain, n'ait pas continué sur cette lancée. Il a affirmé que le succès des films algériens des années 60 et 70 voire la fin des années 80 se justifie par le bon choix du thème traité audacieusement et librement, rappelant en sa qualité d'ancien responsable de l'une des entreprises de production cinématographiques il y a plus de 15 ans, qu'"avant la dissolution des entreprises de production, le cinéma algérien vivait des fonds rapportés par les œuvres cinématographiques car les mécanismes à l'époque étaient claires". "Le cinéaste aujourd'hui ne sait pas à qui proposer son projet", a-t-il dit précisant que "le rôle de la tutelle n'est pas la production mais le soutien et l'orientation".