Le front pour la justice et le développement (FJD) est déjà en campagne électorale. «Nous appelons le peuple algérien à aller voter en masse le jour du scrutin. Votez pour notre projet, seul à même de concrétiser le changement», a lancé hier le chef de file de ce néo-mouvement islamiste, Abdallah Djaballah, qui était l'invité de l'émission «Points sur les i» de la radio algérienne internationale. «Le FJD est certes un nouveau sigle sur la scène politique nationale, mais nous sommes rodés en politique. Notre objectif est de construire un Etat de droit basé sur le principe islamique comme énoncé dans la déclaration du premier novembre», a entre autres argué Djaballah, qui explique que si l'objectif premier du mouvement était sa structuration, la priorité est finalement donnée aux élections législatives. Tout en reconnaissant qu'il était difficile pour son mouvement de confectionner les listes électorales «en un temps record», le parti ayant été agréé le 24 février, il se targuera toutefois d'avoir présenté des listes dans les 48 wilayas et dans l'émigration. Enonçant les critères d'éligibilité que sont la compétence, la droiture, l'adhésion au projet «islamique» du mouvement ou encore la réputation, l'ex-candidat à la présidentielle de 2004 a, en réponse à ceux qui l'accusent d'avoir placé des personnes de sa famille sur des listes électorales, dit qu'il «a l'habitude d'entendre ce genre de rumeurs qui ne font que nous conforter». Mais il précisera dans le même sillage que sa femme est candidate, contrairement à lui, «non pas parce que c'est ma femme, mais parce qu'elle répond aux critères définis par le parti et est une militante de longue date». Il justifiera aussi la candidature de sa conjointe par le fait que la nouvelle loi électorale «exige un quota de femmes». «Je n'ai en aucun cas imposé ma femme», se défend-il encore, avant de préciser que le mécontentement qui a émaillé l'opération de confection des listes électorales «est tout à fait marginal». Pour lui, ce genre de problème est vécu par tous les partis politiques», mais le FJD, ouvert à tous, a préféré ne pas en tenir compte et s'en tenir juste aux critères énoncés et choisir ses candidats en toute transparence. Pour lui, «le militantisme ne doit pas se limiter au scrutin». Saâd Abdallah Djaballah affirme que son parti est différent des autres formations politiques dans la mesure où «il est un courant politique réformiste». Il récuse les qualificatifs «occidentaux» repris par les algériens, et tente de rassurer ses compatriotes quant à l'ouverture de son parti à la modernité. «En cas de victoire, nous allons consacrer le principe d'alternance au pouvoir et nous serons prêts à nous allier avec nos adversaires suivant les résultats du scrutin pour former un gouvernement d'union nationale», a-t-il expliqué, non sans affirmer que son «courant est le seul à même de consacrer le changement». Considérant que les réformes politiques sont «positives», il y décèlera toutefois des lacunes qu'il faut combler, comme la protection des libertés, les conditions d'existence des partis politiques ou encore l'équilibre des pouvoirs. Enfin, tout en dessinant les contours de son programme «élaboré par une commission d'experts», Djaballah appellera les pouvoirs publics à donner plus de moyens à la commission nationale de surveillance des élections dans laquelle siège le FJD et déclarera que sa campagne électorale sera financée par les candidats eux-mêmes.