Après tout un tapage médiatique en France, aux desseins électoralistes, la dépouille de Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse, abattu jeudi dernier lors de l'intervention des policiers de l'unité d'élite du Raid, devrait arriver aujourd'hui à Alger. La famille, partagée lundi sur le lieu de l'inhumation, a finalement opté pour l'Algérie en respect notamment du vœu de la mère, soucieuse d'éviter que la tombe soit profanée. En cas de réponse favorable à la demande de transfert déposée par la famille de Mohamed Merah au consulat d'Algérie à Toulouse (aucune confirmation à l'heure où nous mettons sous presse), le corps de Merah partira de l'aéroport de Toulouse pour Alger à 13h15 (heure française) à bord d'un vol Air Algérie et l'arrivée est prévue à 13h45. L'enterrement devrait avoir lieu dans la commune de Souagui, dans la wilaya de Médéa, d'où est originaire son père. Ce dernier, dans un long entretien accordé au journal Ech-chourouk, en veut aux forces de police de ne pas avoir capturé son fils vivant et dit craindre des actes racistes «de la part des Juifs». «La France est puissante, et ses forces de sécurité sont connues pour savoir mener des opérations compliquées. Comment n'ont-elles pas réussi à le capturer vivant ? Elles auraient pu utiliser un gaz anesthésiant ou lui tirer dans les jambes, mais ils ont préféré tirer comme sur un oiseau dans le ciel. elles voulaient en faire un bouc émissaire et atteindre Dieu seul sait quels objectifs», s'était-il interrogé, avant d'ajouter : «S'ils l'avaient pris vivant et jugé selon la loi pour établir sa culpabilité, nous aurions accepté qu'il soit condamné, même à perpétuité.» Le père Merah a aussi nié l'appartenance de son fils aux réseaux terroristes comme le supposaient les Français. «Je démens les informations du ministère de l'Intérieur français, qui l'a mis sur la liste des extrémistes musulmans. Ce n'est pas vrai qu'il ait fait plusieurs voyages en Afghanistan et au Pakistan. La meilleure preuve en est qu'il est venu plusieurs fois en Algérie, tous les ans entre 2006 et 2010», a-t-il affirmé, avant de déclarer : «J'ai décidé qu'il sera, si Dieu le veut, enterré en Algérie. Son frère m'a téléphoné de Toulouse et m'a dit qu'il ferait les démarches pour cela. Il sera enterré dans le cimetière où reposent beaucoup d'autres membres de la famille. Et on organisera la réception pour les condoléances.» il n'a pas omis aussi de condamner la déformation de ses propos et la levée de boucliers à son encontre, notamment par les politiques. «Je regrette qu'on ait déformé mes propos à la télévision française. J'ai dit que je poursuivrai les autorités sécuritaires, non pas l'Etat français en tant que tel», a-t-il expliqué, regrettant qu'«on utilise l'affaire dans la campagne électorale». Le MAE avait réagi par le biais de son porte-parole Amar Belani qui évoquait la surmédiatisation de l'affaire, la qualifiant de «malsaine». «Il s'agit d'une affaire qui, en principe, devait se traiter dans l'intimité de sa famille», a-t-il ajouté.