Plusieurs personnalités mondiales et nationales ont exprimé, hier, leur profonde tristesse et affliction au peuple algérien et à la famille d'Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie, décédé mercredi dernier à Alger à l'âge de 96 ans. Le roi Mohammed VI a adressé, jeudi, un message de condoléances au président algérien Abdelaziz Bouteflika à la suite de la mort du premier président algérien Ahmed Ben Bella. Un message similaire a été envoyé par le souverain marocain à la fille du défunt, Mme Mehdia Ben Bella. S'adressant à M. Bouteflika, le roi du Maroc a souligné que la «disparition de ce leader historique n'est pas seulement une perte pour le peuple algérien, mais aussi une perte pour la fraternité maghrébine dans ses racines profondément établies et aussi pour la nation arabe à laquelle il s'était dévouée pour la défense de son unité et sa grandeur». Dans son message à la famille Ben Bella, le roi Mohammed VI est allé dans le même sens, affirmant que Ben Bella avait milité pour le rapprochement entre les deux peuples et pour l'édification du Maghreb arabe uni, dont le processus en cours est en panne depuis de nombreuses années. Il s'agit d'une «perte cruelle» non seulement pour l'Algérie mais pour le Maroc et le Maghreb. «Nous ressentons avec vous la cruauté de la perte qui n'a pas affecté uniquement votre honorable famille et le peuple algérien frère, mais elle a aussi touché le Maroc, qui a perdu en lui un grand militant avec lequel il entretenait des liens solides et un citoyen maghrébin attaché à l'esprit de fraternité et défendant les intérêts supérieurs de sa nation arabe». Le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, a rendu, vendredi au palais du Peuple (Alger), un dernier hommage au défunt. La délégation marocaine est composée de l'ancien Premier ministre du royaume, Abderrahmane Yousfi, qui était un ami de Ben Bella, ainsi que le conseiller du roi, Tayeb Fassi Fihri. Pour sa part, Meftah Mesbah Ezaouan, représentant du président de la Commission de l'Union africaine (UA), M. Jean Ping, a assisté aux obsèques de l'ancien président de la République. M. Ezaouan, également président de la délégation permanente de l'UA à la Ligue arabe, a déclaré que l'Afrique a perdu en Ben Bella un «grand homme», formant le voeu que «l'Algérie et l'Afrique puissent trouver une relève à cette personnalité qui a légué un grand héritage aux actuelles et futures générations». De son côté, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a rendu, hier au palais du Peuple, un dernier hommage à Ben Bella. Il a présenté les condoléances de la République arabe sahraouie, du Front Polisario et du peuple sahraoui au peuple algérien et son Président pour la perte de «l'un de ses héros et symboles de la lutte contre le colonialisme en Algérie». Il a affirmé que le défunt, qui a été «un valeureux symbole du militantisme et du patriotisme, a contribué au combat libérateur de nombreux peuples». Pour sa part, le président tunisien, Mohamed Moncef Marzouki, et son Premier ministre, Hamadi Jebali, se sont recueillis à la mémoire du regretté. La délégation tunisienne a assisté aux obsèques du regretté. Le recteur de la Grande-Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a salué, hier, la mémoire de Ben Bella, qui «combattit courageusement pour l'Indépendance et la refondation de l'Etat algérien». «Ahmed Ben Bella, ce grand homme qui combattit courageusement pour l'Indépendance et la refondation de l'Etat algérien, a joué un rôle éminemment historique dans le devenir de l'Algérie. Pour sa part, le fils de l'émir du Qatar, Jouan Ben Hamed Ben Khalifa Al Thani, a présenté les condoléances de son pays à l'Algérie. Organisations nationales et arabes expriment leur affliction Dans son message de condoléances, le secrétaire général du mouvement Islah, Hamlaoui Akouchi, a affirmé qu'avec la disparition du moudjahid Ben Bella, l'Algérie et la nation arabe «viennent de perdre un pilier qui s'est toujours distingué par sa sagesse, sa modération et son engagement pour la défense des causes arabes justes». Le président du Front national pour la justice sociale (FNJS), Khaled Bounedjma, a souligné que «le militant Ben Bella était un des grands hommes et des sages de l'Algérie qui a milité pour son indépendance». Le moudjahid Ahmed Ben Bella «a été l'un des premiers artisans de l'indépendance de l'Algérie qui ont combattu la colonisation avant de s'engager dans la bataille de la construction de l'Etat algérien», a précisé M. Bounedjma. L'Union nationale des femmes algériennes (UNFA) a, pour sa part, estimé que «la disparition de ce symbole de la Révolution algérienne est une grande perte pour l'Algérie». Dans un message de condoléances à la famille du défunt, le commandant général des Scouts musulmans algériens (SMA), Noureddine Benbraham, a exprimé, au nom des cadres et des membres du mouvement scout, sa profonde affliction, suite à la disparition du président militant Ben Bella. Par ailleurs, l'Union des avocats arabes a rappelé les qualités et le parcours militant de Ben Bella contre la colonisation. Le défunt était «un militant arabe, un chef historique et un dirigeant hors pair qui a défendu sa patrie et sa nation», a précisé l'organisation arabe. Monseigneur Henri Teissier, ancien archevêque d'Alger, a dit se rappeler «des moments où le défunt a été capturé par la France, avant l'indépendance de l'Algérie et de son arrivée à Alger en septembre 1962». L'ancien archevêque a, également, évoqué «des grandes décisions» prises par le premier président algérien, «en particulier la nationalisation de ce qui restait des terres des colons». Il a aussi dit garder du défunt le souvenir d'un président «humble et populaire», et le souvenir «des moments où il assistait à des débats de film comme un simple citoyen». Le président du mouvement Ennahda, Fateh Rabei, a également estimé que l'Algérie vient de perdre un de ses plus «valeureux symboles», et un «grand moudjahid qui s'est sacrifié pour l'indépendance du pays en donnant à la France coloniale une leçon de sacrifice». Pour Rabei, la mort de Ben Bella est «une perte pour tout le monde arabe et pour l'Afrique qui vient de perdre un de ses sages».