La Nasa vient de publier la version définitive du rapport de l'accident de la navette Columbia (vol STS-107) du 1er février 2003, pointant plusieurs carences graves et émettant une trentaine de recommandations pour que de tels faits ne se reproduisent plus. Selon ce document de 400 pages intitulé «Columbia Crew Survival Investigation Report», les sept astronautes composant l'équipage de la navette n'ont disposé que de 40 secondes entre la perte de contrôle du véhicule spatial et la décompression explosive qui a entraîné leur mort. Plusieurs carences ont été relevées par les enquêteurs qui, si elles n'auraient pu empêcher l'issue fatale, pourraient coûter la vie à de futurs astronautes si l'on n'y remédie pas dans les prochaines familles d'engins habités. L'équipe d'investigation, composée d'astronautes, d'ingénieurs et de pilotes de la Nasa, a consacré quatre années à examiner dans le détail, seconde par seconde, la chronologie des évènements lors de la rentrée dans l'atmosphère de Columbia, en ce jour tragique du 1er février 2003. Cinq causes potentiellement mortelles ont été dégagées et 30 recommandations émises. Bientôt des parachutes obligatoires Pour rappel, un fragment de mousse isolante s'était détaché des flancs du réservoir ventral de la navette lors de son lancement deux semaines plus tôt, percutant le bord d'attaque de l'aile gauche en arrachant une partie de son revêtement thermique. Aucune sortie dans l'espace n'étant prévue lors de ce vol (il n'y avait d'ailleurs pas de scaphandre autonome à bord) et Columbia ne devant pas rejoindre la Station spatiale internationale (elle ne s'y est d'ailleurs jamais amarrée), personne n'a pu se rendre compte de l'existence de ces dégâts, encore moins en évaluer la gravité. Lors de la rentrée dans l'atmosphère, l'air brûlant s'est engouffré à travers cette brèche et s'est rapidement ouvert un passage vers les organes essentiels de la navette, faisant fondre la structure avant d'en provoquer la désintégration au-dessus du Texas. Selon le rapport, les astronautes étaient condamnés dès la rentrée et rien n'aurait pu sauver l'équipage. Cependant, plusieurs manquements ont été pointés du doigt par l'équipe d'investigation. Lors des premières embardées de la navette, le dispositif d'ancrage d'un des sièges n'a pas résisté et celui-ci s'est arraché. Il est donc probable que l'occupant de ce siège ait subi des traumatismes graves avant même l'explosion fatale. Les combinaisons, les casques, les gants et les ceintures de sécurité ont aussi connu de graves déficiences. Il a été déterminé qu'un membre d'équipage n'était pas correctement attaché sur son siège, que l'un des sept astronautes n'avait pas fixé son casque, et que les six autres avaient négligé de baisser leur visière, rendant la combinaison perméable à l'air ambiant. De plus, trois d'entre eux n'avaient pas fixé leurs gants… La Nasa a donc décidé de revoir les protocoles de formation des futurs équipages afin que ces négligences ne se reproduisent plus. Mais des modifications structurelles sont également recommandées, comme une meilleure fixation des sièges avec la navette, et surtout l'abandon du scaphandre orange, un modèle léger conçu pour être employé exclusivement durant la mise en orbite et la rentrée atmosphérique, mais moins robuste et offrant moins de protection que les modèles conventionnels. En outre, la Nasa dénonce le système actuel de parachute qui équipe les astronautes dans l'éventualité d'un abandon à basse altitude, qui n'offre que peu de garantie, car celui-ci doit être ouvert manuellement. Un dispositif automatique figure sur la liste des recommandations.