La population de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj n'a pas oublié l'assassinat du commissaire Abdelghani Boufedji, chef de service de la police judiciaire de la Sûreté de wilaya, comptant une trentaine d'années d'expérience, et d'un autre policier, en août 2000, dans l'exercice de leur mission. Les martyrs du devoir avaient, rappelle-t-on, été assassinés lorsque des policiers s'étaient présentés au domicile d'un présumé narcotrafiquant, à Ras El Oued, en vertu d'un mandat de perquisition. Le dealer est recherché suite à plusieurs mandats d'arrêt lancés à son encontre par la justice pour trafic de drogue et de véhicules. Le suspect avait, rappelle-t-on, mitraillé ses victimes avec un pistolet Beretta subtilisé à un autre policier, assassinant ses deux victimes. La Direction générale de la Sûreté nationale a-t-elle pris les enseignements à même d'empêcher la répétition d'un pareil drame ? Le Temps d' Algérie est revenu, environ deux années après, sur les mesures prises par la police dans cette wilaya dans ses différentes opérations. «Nous avons tiré des enseignements et prenons depuis davantage de mesures tendant à assurer la sécurité de nos éléments dans différentes opérations et interventions», a lancé, le chef de sûreté de wilaya de Bordj Bou-Arréridj, le commissaire principal Mohamed Bouralia, avant-hier, dans la soirée et au terme d'une opération «coup-de-poing» à laquelle on a assisté. «Au cours de cette opération, des mesures ont été prises par la police pour veiller à la sécurité de ses éléments en action», selon le chef de sûreté de wilaya de Bordj Bou-Arréridj. «Ces mesures sont prises par la DGSN au niveau national et non pas seulement à Bordj Bou-Arréridj», ajoute-t-il. En fin d'après-midi, avant le déclenchement de l'opération, et s'adressant à des cadres et éléments de la Sûreté de wilaya, participant à cette opération, le commissaire Kafi Abdeldjalil, chef de la police judiciaire de la Sûreté de wilaya (SWPJ) de Bordj Bou-Arréridj, et adjoint du chef de Sûreté de wilaya, a exhorté les policiers à respecter les principes des droits de l'homme au cours de l'opération qui allait être déclenchée. Interpellations en série «Ne provoquez pas le citoyen, vous devez le gagner à votre cause, par un comportement exemplaire. Ne l'offensez ni verbalement ni par vos comportements. Sans lui, nous ne pourrons pas agir», a-t-il lancé aux policiers. Ce sont 359 cadres et éléments de la police qui ont participé à l'opération. «Nous avons divisé, pour l'opération, la wilaya en deux secteurs. Chacun connaît sa tâche. Notre but est de lutter contre la criminalité et protéger le citoyen», ajoute-t-il au cours de ce qui est appelé de «briefing» dans le jargon utilisé par la police, nous explique-t-on. Des papiers ont été distribués à des cadres de la police dirigeant des équipes pour l'opération «coup-de poing». Il s'agit de cartes localisant les lieux ciblés. Un moment plus tard, les véhicules de la police, au nombre de 25, mobilisés pour l'opération, démarrent. «Dix lieux sont ciblés par l'opération coup-de-poing», annonce le commissaire principal Kafi Abdeldjalil. L'un des lieux ciblés est la zone industrielle. Des groupes de personnes consommant des boissons alcoolisées, en lieux publics, sont interpellés par les policiers. Là, les policiers accusent un grossiste de vendre des boissons alcoolisées à des particuliers qui les consomment sur place. Le chef de Sûreté de wilaya de Bordj Bou-Arréridj Mohamed Bouralia dira : «Les grossistes en boissons alcoolisées avaient, auparavant, été placés sous mandat de dépôt et leurs commerces fermés pendant six mois. Il ajoute que «ces grossistes ont des papiers en règle et n'ont été sanctionnés que parce qu'ils ont enfreint la loi en vendant des boissons alcoolisées à des particuliers qui ne disposent pas de registre de commerce». Aujourd'hui, ces mêmes pratiques se poursuivent, dénonce-t-il, avouant que «la police qui fait convenablement son travail ne peut, à elle seule, venir à bout de ces pratiques». L' opération «coup-de-poing» s'est soldée par la mise en examen de 197 personnes, la saisie d'une quantité de boissons alcoolisées, le contrôle de 20 voitures, l'interpellation de quatre personnes trouvées en possession d'un morceau de résine de cannabis et l'arrestation d'une personne condamnée par trois jugements, selon le bilan communiqué par le chef de Sûreté de wilaya. Une enquête est ouverte, ajoute-t-il, pour savoir à qui appartient le morceau de résine de cannabis. De futurs locaux commerciaux transformés en lieux de débauche L'opération «coup-de-poing» menée par les policiers de la Sûreté de wilaya de Bord Bou-Arréridj a conduit ces derniers dans certaines cités de la wilaya où des locaux commerciaux sont transformés, selon les policiers, en lieux de débauche. Il s'agit de locaux réalisés dans le cadre du programme présidentiel de création de 100 locaux par commune, ajoutent des policiers. Nombre de ces locaux, en chantier ou abandonnés, ont été transformés en lieux de débauche parce que non surveillés, dénonce-t-on. Des habitants des cités où se trouvent ces locaux ont profité de la présence des policiers pour demander à ce qu'un terme soit mis à cette situation. D'autres ont exprimé leur satisfaction quant à la présence des policiers. Cependant, sur les lieux, les policiers ne trouvent pas trace des suspects. Les gestionnaires de ces lieux de débauche «ont sûrement été informés de notre arrivée», lance un policier, expliquant le fait que les membres de ces réseaux n'ont pas été trouvés sur les lieux. Les locaux en question, eux, dont certains se trouvent en chantier, sont abandonnés pour des raisons ignorés par les habitants et expliquant, selon eux, leur transformation en lieux de débauche. De notre envoyé spécial