L'Espagne a remporté jeudi soir face à l'Irlande une première victoire aux allures de récital dans l'Euro de football (4-0), qui met les tenants du titre dans de bonnes conditions en vue de la qualification pour les quarts de finale. Un succès face à la Croatie lundi leur assurera, le cas échéant, la première place du groupe C. Vicente Del Bosque, tirant la leçon du match nul contre l'Italie (1-1), avait cette fois décidé d'aligner un buteur de métier en la personne de Fernando Torres, qui a récompensé le choix du sélectionneur en inscrivant un doublé (4e, 70e). L'attaquant, peu en verve cette saison avec son club de Chelsea, n'avait plus marqué dans un grand rendez-vous international depuis la finale de l'Euro 2008 contre l'Allemagne. Son but avait alors propulsé l'Espagne sur le toit de l'Europe. David Silva (49e) et Cesc Fabregas (83e) ont complété le score pour offrir à l'Espagne sa plus large victoire dans un championnat d'Europe. "Nous savions depuis le début que nous devions gagner ce match et le suivant", a déclaré l'homme du match, Fernando Torres. "Après le but en début de match, tout était plus simple, et la prestation de l'équipe a été de grande classe ce soir." "Nous sommes sur de bons rails pour la qualification. Nous sommes entièrement concentrés sur la prochaine rencontre", a-t-il prévenu. Les Irlandais jouaient pourtant presque à domicile, puisque leurs supporters avaient fait le voyage en masse jusqu'à Gdansk, en Pologne, pour soutenir leur équipe, absente de toute compétition internationale depuis la Coupe du monde au Japon et en Corée du Sud. C'était il y a dix ans. Mais le soutien bruyant du public n'a pas pesé lourd face au talent des champions d'Europe et du monde, qui ont passé une bonne partie de la rencontre aux abords de la surface de réparation irlandaise. Incapables de convertir leurs périodes de domination quatre jours plus tôt, ils ont trouvé l'ingrédient qui manquait pour que la sauce prenne: un avant-centre. Quatre minutes auront suffi à prouver son utilité. Quelques instants après le coup d'envoi, Andres Iniesta envoie un long ballon dans l'axe à David Silva, qui ne parvient pas à l'exploiter. En embuscade, Fernando Torres s'en empare avant de s'exiler sur le côté droit de la surface, où il trouve un angle de tir idéal pour tromper Shay Given. Le gardien parvient par la suite à différer son calvaire, comme à la 47e minute, soit à la dernière seconde de la première période, lorsqu'il sort une belle frappe d'Andres Iniesta. Mais le répit irlandais ne dure que le temps de la pause. Dès la 49e minute, David Silva hérite du ballon au milieu de la surface, après un arrêt du gardien irlandais sur un tir d'Andres Iniesta. Patient, le joueur de Manchester City attend le moment opportun pour propulser la balle au milieu de trois défenseurs irlandais. David Silva troque ensuite le rôle de buteur contre celui de passeur, sur le but du doublé de Fernando Torres. Entré en jeu comme remplaçant de luxe à la 74e minute, Cesc Fabregas démontre neuf minutes plus tard que Vicente Del Bosque a dans son effectif de précieuses ressources. Au coup de sifflet, les Irlandais, premiers éliminés de la compétition, pouvaient d'ores et déjà réserver le billet du retour. Avec zéro point et sept buts encaissés en deux matches, ils ne peuvent plus revenir sur l'Espagne et la Croatie - 4 points chacun. "C'est, sans l'ombre d'un doute, la meilleure équipe contre laquelle j'ai jamais joué", a reconnu comme un hommage le milieu de terrain irlandais Keith Andrews. Les joueurs de Giovanni Trapattoni tireront leur révérence lundi face à l'Italie, en danger après un deuxième match nul d'affilée, cette fois contre la Croatie (1-1).