Redevenu roi de la terre battue il y a deux semaines à Paris, Rafael Nadal va tenter de reprendre le pouvoir sur le circuit à partir de lundi sur l'herbe de Wimbledon, où Novak Djokovic l'avait privé de son titre et de la place de N.1 mondial l'an passé. Depuis sa défaite in extremis en finale de l'Open d'Australie, l'Espagnol a repris le dessus sur le Serbe en le battant trois fois d'affilée en finale à Monte Carlo, à Rome puis à Roland-Garros, mais il lui reste à prouver que ce renversement de tendance est valable sur un autre terrain que l'ocre. Sa dernière victoire hors terre battue sur Djokovic date d'il y a plus d'un an et demi, en novembre 2010, au Masters de Londres. L'emporter pour la troisième fois à Wimbledon après 2008 et 2010 ne suffira pas forcément au Majorquin pour récupérer la première place mondiale. Il faudrait aussi que Djokovic, dont l'avance au classement ATP, de plus de 2000 points, est encore importante, n'atteigne pas les demi-finales. Mais un succès de Nadal sur l'herbe du All England Club aurait une portée symbolique considérable et ferait descendre pour de bon Djokovic de son nuage après son incroyable saison 2011. La quinzaine londonienne, particulière cette année puisqu'elle se terminera trois semaines avant les jeux Olympiques, dont les épreuves de tennis seront elles aussi disputées à Wimbledon, ne devrait pas se limiter à un duel hispano-serbe. Comme le veut la tradition, le tenant du titre foulera le premier le gazon de Wimbledon face à l'Espagnol Juan Carlos Ferrero. Roger Federer n'a pas renoncé à son rêve d'égaler le record des sept titres de Pete Sampras, trois ans après son sixième remporté en 2009. Toutefois, à bientôt 31 ans, il pourrait être plus réaliste pour lui de viser la médaille d'or olympique, jouée au meilleur des trois sets hormis la finale. Le public britannique espère que ce mois de juillet intense sera celui de la consécration à domicile pour Andy Murray, que ce soit à Wimbledon ou aux JO. Jo-Wilfried Tsonga, demi-finaliste l'an passé, semble le joueur le plus susceptible de troubler la supériorité des quatre cadors. Mais il faudra qu'il ne soit plus trop gêné par la sévère entorse au petit doigt dont il a été victime au Queen's. Le Tchèque Tomas Berdych, finaliste en 2010, et le grand serveur américain John Isner, qui a déjà marqué l'histoire de Wimbledon il y a deux ans en y gagnant le match le plus long de tous les temps, sont des outsiders à suivre. La préparation n'a pas donné d'indications très claires, les favoris n'ayant pas montré grand chose. Murray a perdu d'entrée au Queen's et Nadal à son deuxième match à Halle, où Federer est allé jusqu'en finale mais s'est incliné contre le revenant Tommy Haas. Quant à Djokovic, il n'a pas disputé de tournoi préparatoire, comme l'an passé. Comme l'an passé aussi, le tirage au sort a placé dans le haut du tableau Djokovic et Federer et dans le bas Nadal et Murray, qui se sont déjà affrontés en demi-finales les deux années précédentes à l'avantage de l'Espagnol. Chez les dames, Maria Sharapova se présente en position de force pour soulever de nouveau le trophée huit ans après la victoire qui l'avait révélée en 2004. A 25 ans, la Russe vient de boucler son "Grand chelem en carrière" en décrochant à Roland-Garros le dernier titre majeur qui lui manquait. Ses plus dangereuses rivales seront la tenante du titre, la Tchèque Petra Kvitova, sensation de l'année dernière, la Biélorusse Victoria Azarenka et, peut-être, Serena Williams, toujours imprévisible mais souvent inspirée sur l'herbe de Wimbledon où elle a déjà triomphé quatre fois.