Depuis la mise en service du deuxième trançon, le 15 juin dernier, le tramway d'Alger reliant la station des Fusillés à celle de Mimouni Hamoud (Bordj El Kiffan) draine un grand nombre de voyageurs et devient un mode de transport à part entière. La satisfaction affichée par les voyageurs les premiers jours de sa mise en service s'est vite estompée. Outre les retards enregistrés, les usagers alertent sur l'absence de sécurité et le phénomène des pickpockets. La joie a cédé la place à la déception. Les usagers s'interrogent sur la dégradation du service, quelques semaines après le lancement de ce moyen de transport qui s'étend sur 23 km pour 36 stations. «Les retards sont fréquents et le trajet d'une station à une autre se prolonge de plus en plus», regrette Leïla, une jeune passagère qui prend le tramway depuis une quinzaine de jours pour rendre visite à sa mère hospitalisée à l'hôpital de Hydra. «Pour économiser un peu sur les frais de transport, j'ai choisi le tramway même s'il faut que je fasse des escales par la suite», explique-t-elle, en ajoutant «mais il fait des arrêts prolongés et cela nous retarde à chaque fois de 10 à 15 mn». Hier, à la station d'El Harrach, les usagers ont dû attendre plus de 35 minutes avant le passage de la rame vers la station du Ruisseau, soit un retard d'un quart d'heure. Cela est dû, entre autres, aux usagers eux-mêmes qui s'adossent aux portières, ce qui constitue un blocage automatique du tramway, selon le contrôleur des tickets. L'hôtesse a fini d'ailleurs par lâcher au niveau de la station de la Glacière : «Poussez-vous des portières. Le tramway ne démarrera pas tant que vous y êtes collés. Vous êtes en train de nous retarder.» Cet appel est resté, toutefois, sans écho. Le tramway étant surchargé en cette fin d'après-midi, les passagers n'ont pas trouvé d'autres solutions que de se concentrer au niveau des sorties. Avec ce décor habituel vécu dans le transport public, les femmes sont de plus en plus sur leur garde. «Les agressions se multiplient», affirme Sihem, déçue du service offert par l'entreprise chargée de la gestion de ce mode de transport. «Il n'existe aucune sécurité dans le tramway. Je n'ai pas remarqué la présence d'un policier. On est abandonné à notre propre sort. Ma sœur a été ciblée la semaine dernière par trois voyous», qui ont tenté de lui voler son téléphone portable. Heureusement que deux de nos voisins sont arrivés à temps pour la secourir», affirme-t-elle, ajoutant «qu'elle est toujours sous le choc». «Les pickpockets y trouvent leur compte et font leur loi», confie notre interlocutrice. «A partir de 14h, ils deviennent les maîtres à bord. Ils ne lésinent pas sur les moyens pour faire peur aux voyageuses. Et personne n'intervient pour les empêcher», affirme la même interlocutrice, qui fait savoir que la plupart d'entre eux font «la grasse matinée et arrivent en début d'après-midi pour faire fortune». «Il faut mobiliser les éléments de sécurité», souhaitent d'autres voyageurs. Nassima se dit déçue par la surcharge et les mauvaises odeurs dans les rames du tramway. «Je préfère prendre le taxi même si c'est plus cher. J'arriverai plus rapidement et plus à l'aise», affirme une femme travaillant à Alger-centre. Une autre passagère dénonce également le manque d'entretien de ce nouveau moyen de transport.