L'Italie d'Andrea Pirlo essaiera de détrôner l'Espagne, maître du monde depuis quatre ans et en quête d'un extraordinaire triplé, dans une finale latine de l'Euro-2012 entre deux équipes construites sur le jeu, dimanche à Kiev (18h45 GMT). Espagnols et Italiens se partagent tous les titres depuis 2006 et le sacre de l'Italie au Mondial allemand. Les coéquipiers de Xavi et Iniesta ont, eux, remporté l'Euro-2008 et la Coupe du monde 2010, et s'attaquent à un triplé inédit. Les deux Latins ont misé sur le jeu. Une tradition pour l'Espagne, une révolution pour l'Italie, qui n'est plus celle du "catenaccio", le cadenas devant le but. Le choc a déjà eu lieu en poules, le 10 juin dernier à Gdansk, et les Italiens avaient tenu tête à la "Roja", avant de faiblir dans la dernière demi-heure (1-1). Une telle double confrontation a déjà eu lieu trois fois dans l'histoire. Il avait souri à l'Allemagne, vainqueur deux fois de la République Tchèque en 1996 (2-0 et 2-1 au but en or), et à la Grèce contre le Portugal en 2004 (2-1, 1-0). Mais en 1988, les Pays-Bas avaient battu l'URSS en finale (2-0) après avoir perdu 1-0 la première rencontre. L'Espagne est favorite. Sa success-story avait justement commencé contre l'Italie. Plusieurs joueurs ibériques considèrent le quart de finale de l'Euro-2008 remporté aux tirs au but (0-0, 4 t.a.b à 2) face aux "Azzurri" comme leur pierre angulaire. Pour "boucler la boucle", comme le dit Sergio Ramos, le sélectionneur Vicente Del Bosque doit trouver les moyens de contrer l'Italie. Le milieu de terrain espagnol Cesc Fabregas propose un mode d'emploi: "neutraliser leurs deux pointes, Cassano et Balotelli, et suivre de près Pirlo, leur maître à jouer". Un défi à la portée des Espagnols, réputés pour leur fluidité offensive mais en passe de devenir une référence défensive. Ils ont de très loin la meilleure défense de l'Euro, un seul but encaissé, justement face à l'Italie. Toujours orpheline de son buteur David Villa, forfait pour une fracture à un tibia, la Roja est devenue moins efficace offensivement, malgré 8 buts inscrits pour parvenir à la finale -contre 6 à l'Italie. Ni Fabregas, utilisé comme "neuf menteur" au lieu d'un avant-centre de métier, ni l'attaquant Fernando Torres ne se sont imposés comme solution idéale. Del Bosque voudra peut-être bouleverser les habitudes des Italiens et remettre en selle Torres plutôt que Fabregas, aligné à Gdansk et auteur de l'égalisation. Pour le reste, il ne devrait pas y avoir de surprises, en dehors de Pedro qui pourrait débuter à la place d'un David Silva. Côté italien, les blessés sont remis et Ignazio Abate devrait reprendre sa place dans son couloir droit, Giorgio Chiellini restant à gauche. L'Italie sait toujours s'adapter tactiquement, et a réussi sa révolution, initiée par Cesare Prandelli. Après le crash du Mondial-2010, où les "Azzurri" ont calé au 1er tour, le nouveau sélectionneur a développé une équipe plus conquérante. Avec son "Rombo", son milieu en losange parfaitement orchestré par Andrea Pirlo, l'Italie joue, se passe le ballon, et cherche la profondeur. Elle a une arme dans chaque main pour l'exploiter: les fantaisies d'Antonio Cassano et la puissance de Mario Balotelli. "Fantantonio" Cassano n'a qu'une heure d'autonomie, mais il réussit toujours deux ou trois coups de génie par match, dont une seule peut valoir but ou passe décisive. Super Mario" a explosé en réussissant un doublé contre l'Allemagne (2-1) en demi-finale, saura-t-il garder la tête froide et confirmer en finale? Le titre de meilleur buteur lui tend les bras, il en est à trois, comme le Russe Dzagoev, l'Allemand Gomez et le Croate Mandzukic, tous éliminés. Son coéquipier Claudio Marchisio avait dit dix jours avant le début du tournoi: "Ce sera l'Euro de Balotelli". Ou alors ce sera celui de la consécration de l'Espagne comme une des plus grandes équipes de tous les temps.