Depuis 2005, année où le phénomène des kidnappings est apparu en Kabylie, jamais une révélation pareille n'a été faite. S. Mustapha, commerçant âgé de 37 ans et originaire du village Aït Abdelmoumene, dans la commune de Tizi N'tleta, à environ 30 km au sud de la ville de Tizi-Ouzou, a avoué mercredi aux services de sécurité de la sûreté de daïra des Ouadhias avoir versé la somme de 1,65 million de dinars en contrepartie de sa libération, indique une source sécuritaire locale. L'ex-victime a été kidnappée dans la soirée de mardi puis relâchée après quelques heures de captivité. Alors qu'il était en route à bord de son véhicule, vers son domicile familial, S. Mustapha a été intercepté au niveau du village Aït El-Hadj, vers 21h30, par deux individus armés, qui l'ont conduit sous la menace des armes vers une destination inconnue, apprend-on auprès d'une source locale. Après quelques heures seulement, la victime sera libérée saine et sauve. Elle aurait versé plus d'un million de dinars. L'information du paiement de rançon a vite fait le tour de toute la daïra des Ouadhias, mais aussi de la wilaya de Tizi Ouzou, puisque c'est la première fois qu'une victime avoue avoir versé une somme d'argent aussi importante. Jusque-là, tous les cas de kidnapping en Kabylie sont passés sous un flou total, bien que la presse ait pu avoir quelques informations via des proches des victimes. Les familles de ces dernières ont toujours été discrètes des véritables négociations qui tournaient entre elles et les ravisseurs. La mobilisation citoyenne qui se constitue à chaque fois qu'un citoyen est enlevé ne serait qu'une pression pour que la rançon soit revue à la baisse. Certes, c'est un acte qui démontre de l'unité des Archs autour d'une cause juste qu'est la chasse de la peur et la non-abdication aux groupes terroristes armés. Mais ça reste insuffisant. Cette révélation de S. Mustapha vient pour ainsi dire lever le voile sur une vérité longuement dissimulée par de nombreuses familles de victimes. Plusieurs sont les cas de kidnapping non recensés parmi les 70 enregistrés jusque-là en Kabylie, qui sont passés sous silence. De petites sommes auraient été payées, généralement pour arracher la libération de citoyens retenus en otage pendant quelques heures, selon des villageois dans les quatre coins de la wilaya. L'information est ensuite vite enterrée. Pour le cas de Mustapha S., les services de sécurité de la daïra des Ouadhias ont ouvert une enquête pour élucider l'affaire.