Si l'information se confirme, nos boxeurs, qui sont, paraît-il, nos plus sérieuses chances de médaille aux Jeux olympique de Londres, auraient très bien commencé la compétition. Avant même l'ouverture officielle, ils se seraient «distingués» en chipant leurs bicyclettes à des athlètes suédois qui, un peu trop confiants, les auraient laissées traîner quelque part dans le village olympique, manifestement pas aussi sûres que les rues de Stockholm. En termes de «performance», ce sont pourtant les volleyeuses algériennes qui devraient être imbattables, puisqu'elles ont réussi à faire parler d'elles avant même d'arriver sur les territoires de la Perfide Albion. Pour annoncer la couleur, il n'y avait pas d'endroit plus indiqué que le pays où elles se… préparaient. C'est en France donc qu'elles ont eu l'inspiration de leur vie en allant chiper des broutilles dans un supermarché. Pas n'importe quel supermarché. En bonnes sportives qui respectent tout ce qui a trait à leur activité, elles ont choisi un magasin spécialisé dans les articles de sport ! Quand on fait du sport, il faut l'honorer jusqu'au bout, partout et tout le temps. Quand un journal régional français a révélé le scandale, le président de la Fédération de volley a fait ce qu'il fallait faire, c'est-à-dire… démentir l'information. Mais, démentir ne suffisant pas, il est allé jusqu'à menacer – ou promettre – de déposer plainte contre le journal en question. On lave son honneur comme on a l'habitude de le faire. Ce genre de «défense» marche très bien au pays, pourquoi s'en priver en France ? Après tout, c'est ce qu'elles ont dû se dire, les braves volleyeuses. C'est tellement facile de subtiliser de petites choses dans les supérettes algériennes qu'il n'est pas compliqué de tenter la chose en pays de préparation pour les Jeux olympiques. Et s'il y a un peu plus de risque à prendre, on le prendra. La qualité de la marchandise en vaut la peine, comme le niveau de performance d'ailleurs. «J'ai chipé une paire de baskets vrai Nike dans un magasin Décathlon de Lisieux», c'est tout de même plus prestigieux pour la prospérité qu'un «je me suis servie à la supérette de Sidi Yahia». Et menacer de foudre un journal «de là-bas», fut-il régional, ça vous remonte la cote et vous soigne un CV. Comme il fallait, par patriotisme, donner quand même une touche locale à leur défense, les responsables en question s'en sont pris dans la foulée à la presse algérienne pour avoir relayé une «information dénuée de tout fondement», comme on dit dans la formule standard des démentis. Quand ça a commencé à sentir le roussi, il fallait bien faire quelque chose et, à défaut de faire amende honorable, on a juste baissé le ton. Il n'était plus question de démenti et de promesse de représailles mais «d'enfler un incident sans importance» et lui «donner les proportions qu'il n'a pas». Le problème est que l'information s'est confirmée telle qu'elle a été rapportée par le journal français. Les deux filles sont suspendues mais il est trop tard pour le reste. Comme il arrive également qu'une honte n'arrive pas toute seule, les boxeurs auraient «remis ça». Il paraît qu'ils sont nos meilleures chances de podium avec le judo. Et bien, c'est déjà réussi. Quand, hier soir, des millions de femmes et d'hommes se sont installés devant leur téléviseur pour suivre l'ouverture officielle des Jeux olympiques de Londres, les Algériens auront déjà vendangé une bonne part de leur enthousiasme et de leur passion pour le plus grand regroupement sportif planétaire. La mort dans l'âme, rouges de honte, ils verront défiler leur délégation en ayant à l'esprit que les Jeux, c'est déjà terminé pour leur pays. Bien sûr, il restera le spectacle que leur proposeront les autres, toujours aussi magiques. Même le podium n'aura plus de sens. Si tant est qu'il reste encore une chance d'y accéder. Personne n'a envie d'en parler. Slimane Laouari