Le manque d'information sur la présence de criquets au nord du Mali devrait augmenter la vigilance dans les pays de la région, notamment l'Algérie et la Mauritanie, selon des responsables de l'Institut national de protection des végétaux (INPV). «La condition sine qua non d'une activité acridienne est la présence ou non de criquets. Mais jusqu'à présent, on ne sait pas s'il y a des criquets ou non au nord du Mali», a indiqué le directeur général de l'INPV, Khaled Moumen, en marge de la 3e réunion du Comité interministériel de lutte antiacridienne (CILA). Le nord du Mali reste «une zone d'ombre» en raison de la situation sécuritaire qui prévaut dans ce pays, rendant la prospection difficile. Le siège du centre de lutte antiacridienne se trouve à Bamako et dispose de deux bases avancées dont une à Kidal, zone du conflit. Cette situation coïncide avec des conditions écologiques favorables à l'apparition du criquet au Niger comme en Algérie. «La situation au niveau de ces pays est calme et les conditions de projection sont favorables, mais par manque d'informations fiables, on ne sait pas comment la situation va évoluer», a estimé pour sa part le chargé de l'information acridienne à l'INPV, Hamid Bensaad. Selon ce responsable, des prospections seront engagées durant la fin du mois en cours et début septembre pour clarifier définitivement la situation au niveau de cette zone d'ombre en vue d'actionner le dispositif de lutte. «Toutes les informations émanant de la FAO collectées auprès des nomades n'ont pas été encore confirmées. On attendra d'ici 20 jours, la situation sera plus claire et on décidera du plan d'action à mettre en place», a indiqué M.Bensaad. S'appuyant sur des données historiques des invasions acridiennes, l'INPV a établi trois scénarios de traitement en fonction de la situation écologique et acridienne au niveau des pays du Sahel. Le premier scénario table sur 50 000 ha à traiter en cas d'activité classique à laquelle les équipes de l'INPV pourront faire face sans recourir à d'autres moyens. La deuxième hypothèse prévoit 200 000 ha, et ce, au cas où des infestations sont enregistrées au nord du Mali et du Niger. Le dernier scénario porte sur 800 000 ha en cas de situation catastrophique. L'INPV dispose de 10 équipes de surveillance et de lutte qui interviennent en permanence pour intercepter toutes les populations acridiennes, car tout criquet isolé aujourd'hui peut se multiplier et constituer un danger demain. L'institut dispose actuellement de 250 camions contre 25 en 2005, de plus de 600 appareils de traitement et d'un stock de pesticides équivalant à 45% du stock national. D'après M. Moumène, le dispositif de lutte anti-acridienne, mis en place en juillet, a été doté d'une enveloppe de 3 milliards DA.