Eté comme hiver, rien n'empêche les citoyens de protester à Tizi Ouzou. Et la rue, envahie presque quotidiennement, est devenue le seul moyen de faire entendre la voix des «sans-voix». Dès qu'une mairie ou un siège de daïra est libéré dans une localité, une autre fermeture est signalée dans un autre endroit de la wilaya. Face à ces actions qui deviennent coutumières, les responsables de l'administration locale excellent toujours dans les promesses, sans se soucier réellement de résoudre les problèmes des citoyens qui, pourtant, ne demandent que le strict minimum pour une vie digne. En cette période de grosses chaleurs, la pénurie d'eau potable est la principale cause de la quasi-totalité des actions de force. Une chose est sûre, la colère citoyenne va crescendo à Tizi Ouzou, puisque les actions de protestation s'inscrivent de plus en plus dans la durée. 3e jour de protestation à Makouda Pour le troisième jour consécutif, les citoyens du village Izeroukène à Makouda, à 20 km au nord de Tizi Ouzou, maintiennent la pression. Après les sièges de la mairie et de l'ADE qu'ils ont fermés depuis dimanche, hier, c'était au tour de celui de la daïra de subir le même sort. Cela fait plus de 50 jours que ce village est sans eau. Les habitants n'ont pas cessé d'interpeller les responsables locaux sans que ces derniers ne réagissent. «50 ans après l'indépendance, des citoyens continuent à protester pour réclamer l'eau potable, source de vie ! C'est vraiment désolant, mais aussi honteux pour nos responsables», s'indigne un citoyen. Alors que l'action de protestation est maintenue, les autorités locales ne sont pas arrivées, jusque-là, à répondre aux doléances des citoyens. Selon une source locale, le P/APC de Makouda aurait expliqué aux habitants d'Izeroukène que le problème du manque d'eau ne sera résolu qu'une fois achevé le projet d'alimentation des huit communes du littoral de la wilaya depuis le barrage de Taksebt. Ce projet rencontre plusieurs oppositions, faut-il le signaler, ce qui pourrait retarder sa réception. Les citoyens réclament par ailleurs le bitumage de la route menant à leur village, longue de 4 km, ainsi que la réhabilitation de la salle de soins. Grogne à Bouzeguène, Boudjima et Iflissen A Bouzeguène, à environ 65 km au sud-est du chef-lieu de wilaya, plusieurs dizaines de villageois venus des hameaux d'Ibouyousfène et de Lewdha ont tenu un sit-in de protestation devant le siège de l'APC, indique une source locale. Les citoyens dénoncent la pénurie d'eau potable qui persiste depuis plus de 20 jours. Les responsables de l'ADE avaient établi un programme d'alimentation de ces villages 1 jour sur 5, mais cela n'a pas été respecté, indiquent les protestataires. Ils réclament à présent l'alimentation directe depuis le barrage Taksebt, puisque le forage depuis lequel ils sont alimentés n'est plus en mesure de couvrir leur demande. Une autre action de protestation a été enregistrée, hier, à Boudjima, à 25 km au nord de la ville des Genêts. La mairie du chef-lieu a été fermée par des citoyens qui se sont élevés contre le même problème du manque d'eau. La colère gagne également les habitants de la commune d'Iflissen dans la daïra de Tigzirt, au nord de Tizi Ouzou. Ils craignent une pénurie d'eau sans précédent, puisque les puits situés au lieudit Feraoun, d'où ils achètent l'eau, sont presque à sec. Pour les contestataires, ces actions signifient une chose, la confirmation de l'échec des responsables, élus et administration locale, à assurer un minimum de vie digne au citoyen.