Au cours de la dernière quinzaine, les prix de la viande de poulet et des produits avicoles ont accusé des hausses record. Chose qui a suscité moult interrogations, notamment chez les consommateurs, de plus en plus privés de cette viande qui leur était accessible auparavant. Cédé juste après le mois de Ramadhan entre 300 à 340 DA, le kilo de viande de volaille est désormais affiché à 400 DA. Les marchands affirment que la hausse est liée directement à la faible production. Les aviculteurs pour leur part, l'amputent à l'envolée des aliments de bétail. Ces prix excessifs seront maintenus, selon Hadj-Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) jusqu'au mois de mars prochain, en raison de la faible production. «La production de la viande blanche est toujours faible durant la saison estivale, en raison de notre climat sec et aride», explique ce dernier. Contacté par le Temps d'Algérie, Mourad Dif, représentant des aviculteurs locaux et adhérents à l'UGCAA, a conforté les deux hypothèses et affirme que la production durant ces deux derniers mois a fortement chuté, en raison du climat chaud. A la canicule s'est ajoutée, selon lui, l'envolée des deux principaux aliments de bétail sur le marché mondial, à savoir le maïs et le soja. «La hausse des prix de la viande blanche devrait se poursuivre durant les prochaines semaines, car ce marché est en constante mouvance», prévoit M. Dif, qui explique également que le manque d'organisation et l'absence de l'Etat du secteur a conduit à l'anarchie totale et en conséquence au recul du taux de la production, qui accuse d'ores et déjà un déficit de l'ordre de 150 000 tonnes par an, selon les déclarations de l'UGCAA. A rappeler que la production annuelle est autour de 250 000 tonnes. «Les petits aviculteurs abandonnés par l'Etat» M. Dif affirme que plus de 90% de la viande blanche est produite par les petits aviculteurs, non reconnus par la tutelle et qui subsistent avec des moyens précaires. «L'Etat ne tend la main qu'aux grands investisseurs, alors que 90% de la viande blanche est produite par les petits éleveurs marginalisés», dénonce-t-il, en ajoutant : «Nous, petits éleveurs, n'avons jamais été conviés aux rencontres organisées au ministère de l'Agriculture, bien que nous soyons plus nombreux et par conséquent, plus conscients des problèmes du marché. Les grands investisseurs détiennent le monopole et imposent leur loi.» Par ailleurs, M. Dif évoque un autre problème de taille, celui du manque d'assiettes foncières. «La plupart des terres agricoles ont été détournées pour des projets d'urbanisme», note-t-il, en précisant que plus de 20% des aviculteurs ont abandonné le métier, en raison de manque de foncier et de moyens. «Toutes les terres agricoles, notamment à Zéralda, Réghaïa, Birtouta, Draria, ont été transformées et utilisées à des fins autres que celles prévues initialement», renchérit-il. Le porte-parole de l'UGCAA rappelle que son organisation a déjà fait part des propositions au ministère de tutelle, afin de pouvoir relancer le secteur et mettre un terme à l'importation de la viande, qui ne contribue en aucun à la baisse des prix. Le déficit annuel de l'Algérie en termes de viande, précise-t-il, est de 40%, soit 400 000 tonnes/an. La production nationale de viande rouge est de 350 000 tonnes par an et la production de la viande blanche est autour de 250 000 tonnes. Les besoins réels du pays sont de 1 million de tonnes. De son avis, le ministère de l'Agriculture adopte une politique contradictoire. «Il annonce encourager la production, alors qu'en même temps, il accorde toutes les facilités aux importateurs», a-t-dit, en concluant : «Il faut fixer des échéanciers dans le but de mettre un terme à l'importation, non seulement de la viande blanche, mais également la viande rouge, le lait et les céréales.