Après les incidents déplorables provoqués dans le monde musulman par le film américain L'innocence des musulmans, le journal français Charlie Hebdo a publié hier des caricatures sur le Prophète Mohamed (QSSSL) suscitant l'indignation et la colère. L'acte de cet hebdomadaire s'apparente plus à une action commerciale que journalistique, puisque les 75 000 exemplaires de son premier tirage ont été épuisés en l'espace de quelques heures. Il prévoit d'ailleurs un nouveau tirage qui sera en kiosque ce vendredi et qui devrait porter le total de ses ventes, au minimum, à plus de 200.000 exemplaires. Les déclarations tenues par le directeur du journal, et qui est aussi le dessinateur des caricatures, sur son «œuvre» montrent à quel titre ont été publiés ces dessins. «L'effet est toujours le même quand on fait des unes sur l'Islam radical, explique le dessinateur Charb, directeur de la publication. En novembre 2011, le numéro rebaptisé Charia Hebdo avait atteint 200 000 ventes, contre 45 000 en moyenne, dont 11 000 abonnés. «Quand on fait des couvertures très violentes sur le pape, nous observons le même niveau de ventes. Les catholiques intégristes ne font pas réagir les médias, alors que quand on a des ennuis avec les musulmans, tout le monde s'agite !», lance-t-il. Hier, le site internet de l'hebdomadaire a été bloqué par des pirates, selon la presse française. «Oui à la liberté d'expression, non à l'irresponsabilité» Le président du CFCM, organe représentatif des différents courants musulmans en France, a été reçu en milieu de journée hier par le ministre français de l'Intérieur en charge des Cultes, Manuel Valls, qui a rappelé que la liberté d'expression est «un droit fondamental». Les principales religions en France, tout en défendant la liberté d'expression, condamnent «l'irresponsabilité» de Charlie Hebdo pour avoir publié des caricatures sur le Prophète Mohamed (QSSSL) «dans le contexte actuel très tendu». «Profondément consterné par les dessins insultants à l'égard du Prophète de l'Islam», Mohamed Moussaoui, président du CFCM (Conseil français du culte musulman), a déclaré que «rien ne peut justifier l'insulte et l'incitation à la haine». «Inquiet face à cet acte irresponsable qui, dans un contexte très tendu, risque d'exacerber les tensions et de provoquer des réactions préjudiciables», M. Moussaoui s'est néanmoins déclaré «profondément attaché à la liberté d'expression». L'émotion ressentie chez les musulmans de France face aux dessins de Charlie Hebdo a été vive, notamment au regard des violences déclenchées à l'échelon international par le film Innocence of Muslims. Le président de l'Observatoire de l'islamophobie, Abdallah Zekri, a souligné que l'hebdomadaire a privilégié ses intérêts commerciaux et qu'«il aurait mieux fait de ne pas publier ces caricatures insultantes dans une situation déjà tendue». Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a demandé à «ne pas verser de l'huile sur le feu». «Un message appelant à la réflexion et au calme» sera lu vendredi dans les quelque 700 lieux de culte qui lui sont liés. Les organisations juives étaient, quant à elles, partagées entre désapprobation et soutien.