Cette phrase, ô combien lourde de sens, a été prononcée jeudi dernier par le ministre de la Jeunesse et des Sports, le Professeur Mohamed Tahmi, lors du lancement de la saison sportive 2012-2013. Il s'adressait ainsi aux responsables de Fédérations sportives comme pour leur signifier qu'ils commettent d'énormes erreurs de gestion pour le moins inadmissibles car l'argent dont ils font usage émane de fonds publics. Si le ministre a tenu à réitérer sa position qui est qu'il n'y aura aucune ingérence de son département dans les affaires des Fédérations, il a confirmé que le MJS continuera à jouer son rôle de contrôleur du financement public. Nous avons appris à ce sujet que chaque fédération sera destinatrice d'une note la veille de la tenue de son assemblée générale ordinaire, note dans laquelle il lui sera recommandé de faire ses bilans dans une totale transparence et de veiller à ce que le bilan moral soit le plus juste possible compte tenu de tous les ratages enregistrés par le sport algérien ces dernières années. Un des présidents, qui sont intervenus lors de la cérémonie de jeudi dernier, a reconnu devant tous ses pairs que jamais, depuis l'indépendance du pays, les Fédérations sportives n'avaient reçu autant d'argent. Les résultats sur le terrain, eux, n'ont malheureusement pas suivi. La médaille d'or de Toufik Makhloufi au 1500 m des Jeux olympiques de Londres ne peut, à elle seule, camoufler toutes les carences dont souffre le sport algérien. Du reste, la réussite de cet athlète est intervenue d'une manière tout à fait inattendue, ce qui démontre bien que les Algériens étaient partis à Londres pour limiter les dégâts. Des sommes faramineuses Certaines fédérations ont vu leurs subventions suivre une extraordinaire courbe ascensionnelle. Le judo, par exemple, qui aurait reçu près de 40 milliards de centimes ces dernières années pour un résultat désastreux. Il est plus qu'évident que ce sport, si performant par le passé, a connu une chute vertigineuse, en termes de résultats, depuis l'élection de l'actuel bureau fédéral et de son président en 2009. Et il n'y a pas que le judo. Plusieurs autres disciplines sportives ont été généreusement dotées de subventions conséquentes pour des résultats des plus médiocres. Tous ces gens-là vont devoir rendre des comptes aux assemblées qui les ont élus. On disait, quand ils avaient été élus en 2009, que le sport algérien allait se régénérer. Il a, au contraire, décliné en dehors du handisport qui est bien le seul à donner satisfaction ainsi que le football mais par le biais de son équipe nationale senior seulement, composée essentiellement de joueurs expatriés qui ne doivent rien au système de formation algérien. Lors de son intervention de jeudi dernier, le ministre de la Jeunesse et des Sports a, également, parlé de bonne gouvernance. Il a spécialement parlé de la Fédération de handball qui a repris la Coupe d'Algérie de la saison dernière alors qu'il n'y a même pas eu de championnat. Le Professeur Tahmi savait de quoi il parlait car par le passé il a eu à présider cette Fédération. C'est dire qu'il connaît fort bien ce sport ainsi que ses rouages. S'adressant à un président de fédération, il a déclaré que l'Etat est prêt à soutenir les clubs de l'élite. «Mais ne nous faites pas des championnats de Nationale 1 avec 64 clubs», a-t-il déclaré se référant très certainement au handball qui veut lancer une compétition nationale avec une pléthore de clubs. Les divergences doivent être traitées en interne Et puis le ministre a invité les responsables fédéraux à traiter leurs divergences en vase clos, entre eux sans faire d'esclandre et sans saisir les instances sportives internationales. «Vous avez des assemblées générales souveraines, c'est en leur sein que vos problèmes doivent être débattus.» Ces remontrances envers les fédérations sportives se sont poursuivies lorsqu'il a abordé le cas des Algériens qui dirigent des instances sportives internationales et qui sont marginalisés par leur propre famille sportive ici en Algérie. «On ne peut accepter que des Algériens mettent des bâtons dans les roues d'un autre Algérien qui dirige une instance sportive internationale. De telles pratiques doivent être abolies. Un Algérien élu à la présidence d'une instance sportive internationale c'est un plus pour le pays. On doit le soutenir au lieu de le gêner.» Ce sont là certaines remarques du nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports dont on sent qu'il sait où il va puisque lui-même est un enfant du mouvement sportif national. Il ne fait pas de doute qu'avec lui ce sont de nouvelles données qui vont être introduites dans le sport algérien et les responsables fédéraux vont devoir s'adapter ou s'en aller. Les futures assemblées générales de ces fédérations vont nous éclairer sur le sujet.