Le ministère de l'Habitat projette de répertorier les grandes entreprises du bâtiment afin d'évaluer, notamment, les capacités nationales de réalisation du programme de logements. Une rencontre est prévue demain au ministère et à laquelle prendront part des entreprises et des représentants d'organisations professionnelles du secteur. Une occasion pour mettre en avant les difficultés rencontrées par les opérateurs du bâtiment, notamment en termes d'impayés et de dettes bancaires. Dans certains cas, la difficulté pour les entreprises de recouvrer leurs créances auprès des administrations et des collectivités locales persiste, a indiqué M. Mezine, secrétaire général de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). Malgré l'amélioration de la situation au cours des trois dernières années, «pas moins de 40% des entreprises détiennent encore des créances sur plusieurs maîtres d'ouvrage». Le problème est, certes, «réglé administrativement», mais concrètement un grand nombre d'entreprises font face aux impayés. M. Mezine a indiqué, à ce propos, que le contentieux sera discuté lors de la rencontre avec le ministre. Les gestionnaires de projets doivent avoir les compétences requises pour éviter les conflits avec les entreprises. De son côté, la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) qui assistera à la rencontre interpellera le ministre sur la marginalisation des entreprises dans la réalisation des projets. Certaines entreprises sont «pratiquement à l'arrêt depuis un an et demi, car ne disposant pas d'un plan de charge», a dénoncé Habib Yousfi, président de la CGEA. Intervenant sur les ondes de la radio, M. Yousfi a dénoncé l'écartement des entreprises privées des programmes de réalisation de logements sous prétexte de manque de qualifications. Cependant, «les plans de charge sont confiés souvent aux entreprises étrangères», a-t-il contesté. Parallèlement à un environnement administratif contraignant, les entreprises du bâtiment font face à des cahiers des charges rédigés de «façon suspecte», selon M. Yousfi, expliquant que ces derniers comprennent des clauses contraignantes auxquelles ne peuvent répondre les entreprises. Des qualifications qui «ne sont pas applicables au marché» et n'arrangent que certains «entrepreneurs favorisés». Un débat devra être tenu entre les pouvoirs publics et les entreprises afin de réviser les conditions de classification du secteur du BTPH. Les entreprises algériennes marginalisées, selon Habib Yousfi Du fait qu'un grand nombre d'entreprises ne disposent pas de qualifications élevées, elles sont écartées des programmes publics, alors que les entreprises étrangères sollicitées par l'Etat ne sont pas meilleures en termes de moyens matériels et financiers, puisqu'elles recourent à la location du matériel localement, une fois les marchés décrochés. Elles n'apportent que «leurs capacités managériales». A cet égard, les organisations professionnelles interpellent le ministre pour revoir les conditions et le mode d'attribution de la qualification, fort contraignante actuellement. M. Mezine souhaite, dans ce contexte, la participation des représentants des organisations professionnelles dans les commissions chargées de l'attribution des qualifications. Ces commissions, a-t-il proposé, doivent se tenir, en moyenne, deux fois par mois. «Les importants projets peuvent être réalisés par les grands opérateurs talonnés par de petites entreprises dans le cadre de la sous-traitance», a-t-il proposé.