M. Kheloufi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), a appelé à venir en aide aux entreprises du BTPH pour pouvoir réaliser le programme quinquennal 2010-2014, un grand défi qui requiert aussi la création de nouvelles entreprises à même de prendre en charge ces projets car beaucoup d'appels d'offres risquent de ne pas trouver preneurs. C'est lors de la conférence de presse animée hier au siège de son organisation professionnelle que M. Kheloufi a soulevé plusieurs points relatifs à la profession d'entrepreneur dans le BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique) et les problèmes rencontrés au quotidien, entravant ainsi le bon exercice de ce métier. Se disant confiant en les capacités des entreprises algériennes du BTPH, le conférencier a mis l'accent sur la nécessité d'«assainir leur environnement» pour mieux avancer, d'autant qu'après la bataille de la quantité, c'est celle de la qualité qui commence. Pour bien construire, «l'entrepreneur a besoin de véritables outils de travail», dira-t-il. «Il faut de la qualité à tous les niveaux, à commencer par le dossier d'exécution, les cahiers des charges, les matériaux de construction et les ouvriers, ce qui manque actuellement.» Sur la loi de finances complémentaire 2009, M. Kheloufi a indiqué que son organisation est d'accord sur le fond mais pas sur la forme car, selon lui, nombreuses sont les entreprises qui souffrent depuis la mise en place du crédit documentaire et de la lettre de crédit car elles sont importatrices de matériel. Du coup, ces sociétés «se retrouvent obligées d'accepter le produit importé tel qu'il est puisque le fournisseur encaisse à l'avance». L'AGEA affirme que plusieurs entreprises sont à l'arrêt depuis la mise en place de la LFC 2009. Il a également fait état de la réduction de 50% des activités et du nombre d'employés au sein de ces entreprises. La lettre de crédit a entraîné la réduction de 70% du nombre d'importateurs, selon lui. L'intervenant regrette l'absence de concertation et de dialogue avec les acteurs du terrain avant la mise en place de telles mesures. Lui emboîtant le pas, M. Amokrane, membre de l'AGEA, confirme que 150 à 250 entreprises ont déposé leur bilan et mis la clé sous le paillasson du fait de cette LFC 2009. Sur un autre volet, celui de la fiscalité, M. Kheloufi souligne la nécessité d'ouvrir un débat autour de ce dossier et de chercher des solutions pour atténuer les problèmes. «Trop d'impôts tue l'impôt, ce qui pousse les entreprises à ne pas déclarer leurs employés», regrette le conférencier. Et d'ajouter : «Pourquoi ne pas appliquer, par exemple, une taxe unique et simplifiée pour aider les entreprises ?» Sur les créances, le président de l'AGEA affirme qu'elles s'élevaient à 40 milliards de dinars en 2007, un chiffre revu à la baisse pour atteindre les 27 milliards de DA en 2008, dont 19 à 20 milliards de DA d'avenants et 7 à 8 milliards de DA de créances sur le marché initial. A propos du code des marchés publics, l'AGEA demande sa révision pure et simple. Des propositions seront faites lors des 2èmes assises de cette organisation qui se dérouleront en juin prochain à Oran. Elles seront remises au président de la République, a indiqué M. Kheloufi, et concerneront les méthodes des appels d'offres, les cahiers des charges, l'octroi des marchés, le contrôle au niveau local… La proposition de l'AGEA, c'est d'aller vers la constitution d'une commission d'arbitrage. «Il faut assainir la situation et quiconque faute paye, que ce soit l'entreprise ou autre», a conclu le président de l'AGEA. B. A.