Après un été caniculaire émaillé par plusieurs feux de forêt, les averses sont de retour en Algérie, malheureusement avec leur lot de désagréments. Les pluies torrentielles enregistrées durant la nuit de samedi et la matinée d'hier ont provoqué en effet d'innombrables dégâts à Alger. Plusieurs routes principales de la capitale ont été inondées, causant d'interminables encombrements et plusieurs bâtisses ont été submergées par les eaux dans plusieurs quartiers. La Protection civile a dû intervenir plusieurs fois afin de secourir des vies humaines, notamment au niveau du 195 rue Hassiba Ben Bouali, à El Harrach, à Hussein Dey. La trémie limitrophe au Jardin d'Essais était complètement impraticable, le niveau d'eau ayant atteint plus de deux mètres de haut, une véritable piscine à ciel ouvert. Il semble que l'entreprise réalisatrice de cet ouvrage n'a pas pensé à l'installation d'avaloirs ! Les six maisons limitrophes de la cité Sonelgaz ont subi le même sort. Les habitants ne savaient plus à quel saint se vouer. «Chaque hiver, on vit le même calvaire. Nos maisons sont inondées. On a frappé à toutes les portes, mais aucun responsable de l'APC n'est venu faire le constat de visu», dénonce l'un des habitants, en l'occurrence M.Hamina, qui essayait de sauver quelques meubles enfouis dans la cave inondée. Selon lui, la situation a empiré depuis la réalisation de la trémie. «On leur a dit que cette zone est inondable et ne convient pas à ce genre de réalisation. Personne n'a pris nos conseils au sérieux. Nous sommes à six mètres au-dessous du niveau de la mer, alors vous imaginez le risque encouru», explique encore cet homme en détresse. Non loin de là, au niveau d'un immeuble de deux étages, une grande foule est réunie. Les agents de la protection civile viennent de secourir toute une famille qui logeait dans la cave. La détresse se lisait sur les visages, mais surtout le mécontentement et la colère vis-à-vis des élus locaux, qui ne «remplissent pas leur tâche convenablement». A El Harrach et à Hussein Dey, les conséquences sont très lourdes. Une personne a été blessée à El Harrach suite à l'effondrement d'un logis de fortune et une deuxième à Hussein Dey pour les mêmes raisons. Les services de sécurité sociale ont dénombré une personne morte hier à Oued Ouchayeh et 4 autres blessées. Par ailleurs, plus d'une dizaine de maisons ont été également inondées à El Makarya (ex- lotissement Michel) à Kouba. Il en est de même de la commune d'El Harrach, où tout un quartier a été inondé hier par les eaux de pluie, ce qui a provoqué la colère des citoyens qui pointent du doigt l'incurie des autorités locales quant au curage des avaloirs. Selon un responsable de l'APC de Sidi M'hamed, M.Hadj Saâdaoui, le plus dangereux durant les intempéries sont les immeubles qui menacent ruine. «La plupart des morts recensés durant ces temps pluvieux sont liés à l'effondrement des vieilles bâtisses ou encore des balcons défectueux qui ornent les bâtiments. D'ailleurs, l'année dernière, on a vécu un drame à la rue Hassiba Ben Bouali. Un jeune homme est décédé suite à l'affaissement d'un balcon dans la même rue», explique-t-il. Interrogé sur le plan Orsec, il a estimé qu'il est en vigueur, mais «est-il applicable sur le terrain ?», a-t-il ajouté. En conclusion, il reconnaît que les risques sont énormes, notamment en raison de la vétusté des bâtisses. Plusieurs d'entre elles sont déjà déclarées sinistrées par le Contrôle technique de construction (CTC). Et l'hiver ne fait que commencer...