Le taux d'inflation en 2012, qui a atteint 8,3% en octobre, est «conjoncturel» et n'est pas propre à l'Algérie qui a enregistré juste un «choc», a estimé hier à Alger le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, en marge de la conférence sur «la stabilité financière et économique dans les pays arabes». Il a annoncé que la Banque d'Algérie prévoit de clôturer l'année en cours avec un taux inférieur à 8%. Il a laissé entendre, à ce propos, que l'augmentation du taux d'inflation en 2012 n'est pas inquiétant puisque le rythme moyen n'a pas dépassé les 5% depuis 1998 et un retour à cette moyenne est attendu en 2013. Depuis 2011, la Banque d'Algérie a travaillé sur les facteurs déterminant l'inflation et a élaboré un modèle qui permet de prévoir le taux sur une moyenne de deux ans. Pour 2013, l'Algérie devra faire face aux défis de facilitation d'accès aux crédits bancaires, suite à la hausse de l'épargne financière des PME et des ménages. Suite à la hausse des ressources des banques, celles-ci doivent améliorer l'utilisation de leurs ressources en orientant les financements vers l'économie productive et les investissements créateurs de richesses afin d'atteindre un taux de croissance hors hydrocarbures de 10%. Les services bancaires de base doivent être améliorés au profit des clients, en général, et des ménages, en particulier. De nouvelles «facilitations bancaires» sont en cours d'élaboration pour permettre aux clients et les ménages d'ouvrir un compte bancaire, a-t-il annoncé. Les résultats du groupe de travail du Conseil interministériel, récemment installé, seront annoncés prochainement, a-t-il dit, sans donner plus de précisions. M. Laksaci a indiqué que le secteur bancaire fait face à deux défis. Le premier est lié à l'accès des PME aux crédits bancaires et le second concerne «l'inclusion financière» notamment pour faciliter aux entreprises d'ouvrir un compte bancaire et faciliter aux ménages l'accès aux services bancaires de base. La centrale des risques sera modernisée et devra intégrer de manière systématique les crédits à la consommation. Les détails des mesures annoncées par l'autorité monétaire et par le Premier ministre seront connus dans les prochains jours, a-t-il ajouté. «Un groupe de travail, regroupant la Banque d'Algérie, les banques commerciales et le ministère des Finances, vient d'être installé pour préparer des mesures immédiates afin de faciliter aux ménages l'ouverture des comptes bancaires.» Pour rappel, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a annoncé il y a dix jours lors d'une rencontre avec le patronat et la centrale syndicale l'élaboration de ce nouveau règlement afin de «fluidifier» et de faciliter la gestion bancaire. La Banque d'Algérie doit ainsi procéder à «l'élaboration d'un nouveau règlement qui définisse la manière de rendre fluide le système bancaire algérien», a-t-il fait savoir. «Les tracasseries rencontrées par les citoyens qui veulent déposer leur argent dans les banques ou ceux qui veulent en emprunter doivent absolument disparaître», avait recommandé M. Sellal. Par ailleurs, M. Laksaci a annoncé que le projet de modernisation de la centrale des risques est en cours et devra être opérationnelle au cours du premier semestre 2013.
Les crédits aux entreprises non solvables pénalisent les banques publiques Par ailleurs, Jassim Al Mannai, directeur général du Fonds monétaire arabe, a indiqué que malgré les efforts consentis pour développer le secteur financier algérien et les réformes engagées notamment pour la classification des banques publiques afin d'améliorer les mesures de contrôle financier, le défi de développer et moderniser le secteur bancaire reste irréalisable puisque 90% des banques appartiennent à l'Etat. Cette situation constitue une charge pour l'Etat et crée des difficultés pour le secteur financier, surtout lorsque les crédits bancaires sont accordés à des entreprises publiques qui ne sont pas forcément solvables. Dans ce cas précis, les banques seront pénalisées par les crédits non performants, limitant leur marge de manœuvre et leur capacité de financer l'économie. Pour sa part, Simon Gray, directeur du département Maghreb Arabe et Afrique du Nord de la Banque mondiale, a indiqué que l'Etat doit assurer les conditions devant donner la possibilité aux banques publiques de concurrencer leurs homologues du privé. Il a conditionné l'amélioration de la compétitivité des banques publiques par la révision des statuts des banques et de la réglementation en vigueur. «Une bonne inclusion financière» implique, de l'avis de M. Gray, une modernisation des infrastructures bancaires, une gouvernance financière ainsi qu'une gamme complète de services et produits financiers de qualité et adaptés aux besoins des PME et des ménages.