Le ministre des Ressources en eau, M. Hocine Nécib, a indiqué mercredi que l'interconnexion des barrages situés dans les zones arides à ceux du Nord est une option stratégique pour rééquilibrer la dotation de la ressource inégalement répartie sur le territoire national. "Interconnecter les barrages ou les forages a pour objectif d'assurer des quantités suffisantes en eau pour les régions pauvres en ressources hydriques. Ce sont des options stratégiques et nécessaires parce que nous sommes un pays semi aride", a indiqué le ministre à la Radio nationale. Il a illustré par l'exemple de Sétif dans les Hauts plateaux, qui ne reçoit que 400 mm de pluie par an. Les deux barrages en réalisation dans cette wilaya seront alimentés par des barrages situés à Bejaia et à Jijel à raison de 300 millions de m3/an. "L'hydro solidarité entre les territoires est nécessaire pour rééquilibrer la dotation de la ressource en dépit des difficultés qui caractérisent la réalisation de ce type d'ouvrages", a souligné M. Nécib. Concernant le transfert des eaux souterraines du Sud vers les Hauts plateaux, le ministre a indiqué qu'une l'étude réalisée par son secteur avait fait ressortir la faisabilité de transférer quelque 600 millions de m3 an. La réalisation de ces transferts est prévue sur 8 phases indépendantes et interconnectées progressivement à partir de 2010 jusqu'à 2040. La première opération pilote concernera le transfert des eaux souterraines à partir de Laghouat sur Djelfa, ensuite une branche sur Tiaret et sur M'sila, explique-t-il. Concernant les niveaux de pluviométrie, le ministre a fait savoir, citant les prévisions des spécialistes de la météorologique, que la tendance table sur un léger excédent de précipitations dans la partie est du pays cette année, un niveau égal à celui de l'année dernière au centre et un léger déficit à l'ouest. Il a fait savoir, dans ce contexte, que les 69 barrages du pays sont remplis à hauteur de 68%, alors que la moyenne des barrages se trouvant à l'ouest a atteint 70%, c'est-à-dire supérieure à celle du centre. "Il s'agit d'un phénomène nouveau", a-t-il dit. Par ailleurs, le ministre a fait savoir que son secteur était en train d'élaborer une stratégie nationale d'économie de l'eau. Cette stratégie a pour but de "dire aux citoyens que cette eau était mobilisée à prix fort (...) il faut en prendre soin, d'autant plus que son tarif ne reflète pas son prix économique", a ajouté M. Nécib, affirmant qu'il "n'est pas question d'augmenter ce tarif parce que le principe d'accès à l'eau potable est consacré par la loi". Le ministre a indiqué également que le Plan national de l'eau (PNE) prévoyait de porter la quantité d'eau potable produite actuellement de 3 milliards de m3 à 4,113 milliards de m3 à l'horizon 2014. "Pour mobiliser autant de ressources, nous allons continuer d'investir dans la réalisation des ouvrages de mobilisation des eaux superficielles, souterraines et non conventionnelles (dessalement et eaux usées épurées)", a-t-il souligné. Il a ajouté, dans ce sens, que le montant des investissements pour les projets en cours et futurs sera égal ou supérieur à celui consenti durant les dix dernières années, soit 40 milliards de dollars. Le ministre a souligné que l'effort consenti par l'Etat dans ce secteur a permis à l'Algérie de réaliser les Objectifs du développement du millénaire (OMD) avant le délai fixé pour 2015. Interrogé sur les ressources hydriques nécessaires pour l'exploitation du gaz de schiste, le ministre a indiqué que les chiffres avancés par le secteur de l'Energie et les experts, parlent d'un (1) milliard de m3 sur 40 ans. "Les quantités réservées à l'extraction des gaz de schiste ne sont pas très significatives par rapport à la source disponible", a répondu au souci lié aux quantités d'eau importantes utilisées pour exploiter cette énergie, à travers la technique de la fracturation hydraulique. Il a souligné également, dans ce contexte, que son département avait exigé à ce que les sites d'exploitation de cette énergie non conventionnelle, ne soient pas proches des aquifères alimentant les populations et les exploitations agricoles. Il a rappelé qu'en dépit des grandes ressources hydriques de la nappe Albienne, son secteur demeure "soucieux" et restera "très sévère" quant l'utilisation de cette ressource souterraine.