Le déficit a dépassé les 60% durant les deux dernières années. L'Algérie fait face à un climat aride et semi-aride et à une gestion de la ressource longtemps aléatoire, fragilisée aujourd'hui par le phénomène de pollution. “Devant cette situation, la réponse a été très longtemps une gestion quasi monopolistique de la ressource par l'Etat avec des infrastructures importantes, mais lacunaires”, précisera le ministre de tutelle, M. Attar, au cours des journées techniques organisées, hier, avec la Banque mondiale. C'était une gestion adaptée à l'offre disponible, expliquera-t-il, plus qu'une satisfaction de la demande qui aurait impliqué une meilleure connaissance des besoins. Le déséquilibre entre les besoins et les ressources disponibles est considérable. Les besoins exprimés par les différents utilisateurs sont nettement supérieurs aux ressources en eau mobilisées. Conséquence : des conflits d'affectation. La construction de barrages, conçue comme une solution à cette problématique, s'est avérée insuffisante puisque les besoins ne sont toujours pas satisfaits. Les potentialités de notre pays sont globalement estimées à 19,4 milliards de m3/an, dont 14,2 milliards de m3 au nord et 5,2 milliards de m3 au sud. Ainsi, l'Algérie, estiment les experts, est parmi les 17 pays africains touchés par le “stress hydrique”. Eu égard au seuil de 1 000 m3/habitant/an, fixé par la Banque mondiale, l'Algérie est classée dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques. Le déficit en pluviométrie, évalué à près de 30% sur l'ensemble du territoire national pendant les 25 dernières années, n'a fait qu'aggraver la situation. Pis, il a dépassé les 60% durant ces deux années hydrologiques écoulées. D'autres contraintes viennent se greffer à ce problème. Il s'agit, entre autres, de l'envasement des barrages, de la vétusté des réseaux, des coûts des investissements nécessaires à la mobilisation… À ce jour, les ressources superficielles mobilisées par les 50 barrages en exploitation sont de 2,2 milliards de m3/an sur une capacité de stockage de l'ordre de 5 milliards de m3. Les volumes exploités des eaux souterraines sont actuellement de 3,2 milliards de m3/an, dont 1,8 milliards de m3 au nord. Ce qui donne un total de 5,4 milliards de m3 /an d'eau mobilisés. Cet état de fait a poussé le département de M. Attar à revoir l'organisation du secteur, à procéder à l'inventaire des ressources et à leur affectation et à cerner les perspectives. L'objectif primordial auquel s'attelle le ministère vise essentiellement la réalisation de grands équilibres entre régions dans le cadre de l'option des hauts-plateaux-hautes plaines, destinée à arrêter l'exode rural vers les zones côtières. Les stratégies à concevoir auront de plus en plus un caractère régional et national. Les outils institutionnels seront plus adaptés et les solutions de tarification de l'eau qualifiées par le ministre de “bien économique et social mais auquel tous les citoyens y ont un droit imprescriptible”. Les projets de Taksebt, de Beni Haroun et la prise de Cheliff en cours de réalisation devraient assurer une mobilisation et un transfert à partir des eaux de surface d'un volume annuel avoisinant les 800 millions de m3. Le dessalement d'eau de mer constitue l'autre solution sur laquelle le ministère nourrit de grands espoirs. Cette opération a fait ses preuves dans le monde. Cependant, le coût du m3 d'eau dessalée, encore élevé, a dissuadé de nombreux pays. À ce propos, pour les stations de type monobloc, le prix, en Algérie, est de 0,76 dollars US (65,40 DA/m3). Il est de 0,81 dollars US (69 DA/m3) pour l'unité d'Arzew. Les projets lancés dans ce sens en Algérie se résument à 23 stations mobiles monoblocs et à 4 grandes unités qui produiront une quantité globale de plus de 400 000 m3/jour. Reste à savoir si la politique prônée actuellement concrétisera l'objectif cher à M. Attar, à savoir “une efficacité du service public et une disponibilité de l'eau à un juste prix”. Au cours de la conférence de presse tenue hier, le ministre des Ressources en eau a indiqué que les réserves des barrages, qui s'élèvent actuellement à 42% de leurs capacités, dépassant ainsi la cote d'alerte (30%), suffisent pour un an ou un an et demi. Il a par ailleurs ajouté que la distribution pourrait être améliorée. B. K. Repères La répartition des ressources hydriques à travers le pays est fortement liée à la distribution pluviométrique qui se différencie d'Est en Ouest et du Nord au Sud : au nord du pays, il existe 147 nappes aquifères, 9 000 sources, 23 000 forages et 60 000 puits. Les potentialités sont estimées à 2 milliards de m3/an pour une exploitation de 1,8 milliard de m3/an - Les deux grandes nappes dans le Sahara septentrional offrent des potentialités exploitables de 6 milliards de m3/an pour des ressources exploitées de 1,5 milliard de m3/an Les ressources en eau du pays, en une année moyenne en pluviosité, sont évaluées à 20,4 milliards de m3/an, dont 12,4 milliards de m3/an d'eaux superficielles et 8 milliards de m3/an souterraines. - En une année sèche, les ressources sont estimées à 17,5 milliards de m3/an, dont 9,5 milliards de m3 d'eaux superficielles. Plus de 1,5 milliard de personnes n'ont pas encore accès à une eau saine dans le monde. - Plus de 6 millions de décès dus à la contamination de l'eau sont enregistrés chaque année sur la planète. Les besoins augmentent deux fois plus vite que la population mondiale. - Neuf pays se partagent 60% des ressources mondiales. Il s'agit du Brésil, Russie, Canada, USA, Chine, Indonésie, Inde, Colombie et Pérou. Plus de 80 pays représentant 40% de la population mondiale souffrent du manque d'eau. Il s'agit de l'Afrique du Nord, Moyen-Orient, Pakistan, Afrique sahélienne… - Plus de 97% d'eau dans le monde sont salés, alors que seul 0,07% de la consommation d'eau provient du dessalement. - Sur les 1,6 milliard de m3 produits en Algérie, 30% proviennent des barrages et 70% des forages et sources. La capacité de stockage est de 5 milliards de m3. Le volume d'eau usée épurée est de 160 000 m3/j, soit 58 millions de m3/an - Sept stations d'épuration sont actuellement en travaux. Le volume à épurer est de 115 000 m3/j, soit 42 millions de m3/an. - Vingt-quatre stations seront réhabilitées et le volume à épurer est de 390 000 de m3/j, soit 142 millions de m3 /an. Le total : 45 stations et un volume à épurer 665 000 m3/j, soit 242 millions de m3/an. B. K.