Les sénatoriales semblent susciter toutes les passions parmi les élus d'Oran, au point où les sept prétendants au siège de la chambre haute du Parlement partent avec l'impression d'un vote qui verra l'éparpillement des voix et qui ne permettra à aucune force politique, même majoritaire, d'applaudir déjà. Ainsi, dans le giron des élus, on n'hésite pas dans la capitale de l'Ouest à évoquer le cas d'un député sortant, élu à l'Assemblée populaire de wilaya qui se targue d'avoir réglé, avant l'heure, le sort du siège d'Oran au Sénat. Ce dernier, de l'avis d'élus de différentes obédiences, s'est lancé dans une véritable campagne d'achat des voix. Le Front national pour les libertés n'a pas attendu pour réagir et, hier, son président, Mohamed Zerrouki, a animé une conférence de presse, pour fustiger ce candidat «qui ne se cache pas pour affirmer qu'il a acheté le vote de plusieurs élus. Il affirme qu'il a mobilisé un montant de 5 milliards de centimes pour s'adjuger un siège au Sénat. C'est une véritable insulte aux institutions de l'Etat et à la probité morale des élus». Ce dernier affirme que son parti ne se prêtera à aucun jeu d'alliance avec les autres formations qui siègent au niveau des assemblées locales. «Cela veut-il dire que l'élection est réglée d'avance et que le jeu est vicié ?» Pour lui, les affirmations de l'élu-candidat cachent en réalité une nouvelle tendance qui jette le discrédit sur la scène politique. «Doit-on comprendre par là que l'argent est en train de faire une entrée fracassante sur la scène politique ? Les redresseurs du FLN et du RND n'ont pas tort quand ils affirment que l'argent est devenu le maître de la scène politique», fera-t-il remarquer. Cette analyse est partagée par des élus des deux formations locomotives de la scène politique locale, le FLN et le RND. Un élu du Rassemblement national démocratique, sous couvert de l'anonymat, rejoint l'analyse du président du FNL en affirmant que «des élus de son parti ont été approchés par un candidat du parti de M. Belkhadem, transfuge du FNA, qui leur a proposé de l'argent contre leur voix» lors de l'élection qui se déroulera ce matin à l'hémicycle du siège de la wilaya. «S'il est élu, cela ne fera que confirmer ses affirmations, lui, qui soutient qu'il s'est payé le vote des élus d'Oran qu'il peut s'offrir comme n'importe quelle marchandise», dira notre interlocuteur. Le malaise est latent parmi les élus de la wilaya qui ne savent plus quelle attitude adopter, eux qui sont partagés entre la discipline partisane qui leur dicte d'offrir leur vote au candidat adoubé par leur parti, et la volonté de se fier au verdict des urnes quel que soit son choix. Et en attendant, des élus affirment qu'ils sont prêts à boycotter cette élection si les bruits qui courent au sujet d'un probable achat de voix venaient à se confirmer. Des élus du RND soutiennent qu'ils voteront pour le candidat de leur parti, au moment où un grand nombre de leurs pairs du FLN, traversés par les courants qui divisent les rangs de cette formation, sont partagés entre se rebeller et offrir leur voix à un prétendant inattendu, ou opter pour le vote à bulletin blanc. «Convaincus de nos principes et fidèles à notre ligne politique, nous avons choisi un candidat pour le Sénat et nos 29 élus voteront pour lui», affirme le président du FNL. En attendant, le véritable enjeu pour les sénatoriales d'aujourd'hui n'est pas l'identité de l'heureux élu, mais de tout faire pour préserver la crédibilité de ce vote qu'on dit menacé au premier degré.