Les divergences qui émaillent l'Alliance présidentielle sont loin d'être aplanies. Jeudi dernier, à partir de Tizi Ouzou, Abdelaziz Belkhadem a mis en relief les visions essentielles que le FLN ne semble pas partager avec son allié au sein du triumvirat, Ahmed Ouyahia. Lors de la rencontre avec les élus de son parti, tenue à la maison de la culture Mouloud Mammeri, en préparation des sénatoriales (prévues jeudi 23 février), le ministre d'Etat a abordé les dossiers qui élargissent davantage le fossé entre le FLN et le RND. Tout en évitant, cette fois-ci, de s'attaquer ouvertement au chef du gouvernement avec des formules comme « les déclarations faites au FLN sur l'action gouvernementale ne sont que des points de vue sans piétiner les prérogatives du chef du gouvernement », M. Belkhadem contredira, une fois de plus, M. Ouyahia sur la question des salaires : « La revendication des travailleurs est et demeurera légitime. Loin de demander d'injecter toutes les recettes pétrolières dans la masse salariale, il y a plusieurs manières d'améliorer le pouvoir d'achat en réduisant, entre autres, l'impôt sur le revenu et les charges sociales. » La suite à donner au processus de règlement de la crise de Kabylie peut, elle aussi, envenimer les relations entre les deux alliés. Au moment où M. Ouyahia affiche son attachement à l'aboutissement du dialogue avec les représentants des archs, le secrétaire général du FLN ne croit plus à ce dialogue, en laissant comprendre clairement qu'au FLN, la page de ce mouvement est définitivement tournée depuis les élections de novembre 2005. A la place des archs, le patron du FLN souhaite que « le dialogue se fasse désormais avec les représentants authentiques de la population, qui sont les élus ». En outre, les élections sénatoriales de jeudi prochain ne contribuent aucunement au renforcement des liens au sein de l'alliance présidentielle. A Tizi Ouzou, malgré le retrait du FFS, parti majoritaire au sein des assemblées locales (203 élus), la victoire du FLN (136 élus) est toujours conditionnée par les potentielles alliances. Dans son intervention, M. Belkhadem n'a pas cessé de rassurer ses élus à Tizi Ouzou sur les fortes chances des deux candidats du FLN qui briguent les sièges du Conseil de la nation (Slimane Kerrouche et Ali Lanasri). En affirmant que les élus indépendants (71) voteront pour le FLN, il nourrit la conviction qu'« arithmétiquement, nous sommes gagnants ». Auprès des assemblées, à l'exception des deux élus de Draâ El Mizan, qui se sont officiellement déclarés aux côtés du FLN, aucun autre élu indépendant n'a promis publiquement sa voix aux candidats de l'ex-parti unique. En plus des indépendants, le FLN fait état de « contacts avec les deux partis du triumvirat pour un consensus autour des candidats du FLN ». Sur ce point, le doute n'est pas à écarter lorsque l'on sait que le RND (77 élus) a déjà désigné ses propres candidats au sénat. Mais l'adversaire que le FLN craint le plus pour ces sénatoriales reste le RCD (151 élus) et, à ce propos, M. Belkhadem estime que « le FLN ne sera battu qu'en cas d'éventuelle alliance RCD-RND et à ce moment- là, à quoi servira une alliance présidentielle ! ». Quant au MSP, avec ses trois élus, il ne peut aucunement servir d'appui au FLN.