À Tizi Ouzou ce sont pas moins de 6 candidats qui s'affrontent pour remporter les deux fauteuils du Conseil de la nation revenant à la wilaya. Après tant de tractations, de calculs et de jeux de coulisses entre différents partis politiques, tant au niveau des structures organiques qu'au niveau des élus, voilà enfin le jour “J” pour la grande bataille des sénatoriales dans la wilaya de Tizi Ouzou. L'enjeu est à la fois simple et complexe dans la mesure où ils sont six candidats (2 RCD, 2 FLN, 2 RND) à briguer les deux sièges pour le Sénat. L'un pour remplacer le défunt sénateur du FFS, Aït Ahmed Ahmed, pour une période de dix mois, jusqu'à fin 2006, et le second siège qui courra sur près de quarante mois, pratiquement jusqu'en 2009, car n'ayant pu donner lieu à des élections sénatoriales lors des évènements de Kabylie. C'est dire que sur le plan pratique, il s'agit en fait de deux scrutins parallèles où tous les élus de la wilaya, qu'ils relèvent de l'APW ou des APC, voteront pour départager les six candidats en lice pour ces deux sièges pour le Sénat, à savoir Arabi Rachid et Semmoud Mohand-Akli pour le RCD, qui compte 150 élus ayant droit de vote, Kerrouche Slimane et Lanasri Ali pour le FLN ayant 139 élus et, enfin, Slacel Mokrane et Belhadj Ahmed du RND qui compte 78 élus. Avec le boycott du FFS qui compte la bagatelle de 203 élus, et qui aurait pu postuler aisément pour ces deux sièges, c'est un véritable puzzle électoral qui polarise l'actualité politique, depuis quelques jours, dans la wilaya de Tizi Ouzou dans la mesure où l'on assiste à un véritable bras de fer entre le RCD et le FLN, qui misent gros sur les deux sièges, alors que le RND semble coincé entre le marteau et l'enclume, autrement dit cautionner ses deux candidats avec l'éventualité de s'allier à un autre parti, le FLN ou le RCD, pour aspirer à un partage des deux sièges où s'allier carrément d'un côté ou de l'autre pour faire pencher la balance. Il reste que les 71 voix des indépendants sont largement courtisées par le RCD et le FLN, et c'est certainement à ce niveau que se joueront ces sénatoriales, car il faut bien se mettre à l'évidence que les 15 élus du Parti des travailleurs (PT) ont déjà signé un genre de pacte social et politique avec le FLN pour porter leurs voix sur les deux candidats du FLN. “Arithmétiquement et politiquement, nous sommes déjà vainqueurs de ces sénatoriales et nous raflerons les deux sièges mis en compétition, car nous nous ne contenterons pas d'une demi-victoire”, a déjà déclaré publiquement, jeudi dernier à Tizi Ouzou, Abdelaziz Belkhadem, lors d'une rencontre avec les élus FLN de la wilaya de Tizi Ouzou. Une telle déclaration d'optimisme, si elle a été accueillie avec acclamations par les militants du FLN, n'aura pas été appréciée, par contre, par les militants du RND, qui n'ont pas écarté l'éventualité de se tourner carrément vers le RCD pour contrer le FLN, même si les déclarations des responsables locaux du RND étaient plus ou moins évasives jusqu'à hier soir. Et pour répondre du tac au tac aux déclarations de Belkhadem, le RCD est encore monté au créneau ces derniers jours pour pronostiquer, au contraire, la “victoire certaine” de ses deux candidats. “Arithmétiquement, notre victoire est certaine, et ce sont les chiffres qui parlent d'eux-mêmes”, dira Boussad Boudiaf, responsable du bureau régional du RCD à Tizi Ouzou. “Nous sommes en pole position, car au-delà de nos propres voix totalement acquises à nos deux candidats, ce qui n'est pas le cas pour le FLN, nous sommes certains de rallier au minimum une vingtaine d'indépendants, mais aussi d'attirer même d'autres élus du FLN pas du tout satisfaits du choix arrêté par leur propre parti. Une chose est sûre : le 23 février au soir, nous raflerons les deux sièges au profit du RCD et ce, n'en déplaise à toutes les grosses cylindrées du FLN qui défilent depuis quelques jours à Tizi Ouzou pour tenir des propos fantaisistes et triomphalistes sans aucune retenue”, dira encore Boussad Boudiaf comme pour rappeler que le RCD ne veut guère lâcher prise. Ces sénatoriales à Tizi Ouzou annoncent déjà un suspense et les coups de théâtre ne sont pas à écarter jusqu'à la clôture du scrutin. M. HOCINE