Le professeur Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) a dressé un tableau noir sur la circulation des stupéfiants dans le milieu juvénile et l'ampleur qu'a pris le phénomène de saisie des drogues dans notre pays. «La saisie de cannabis a pris des proportions alarmantes et des records jamais enregistrés. Celles enregistrées cette année sont plus importantes que celles de l'année dernière et supérieures à toutes les saisies opérées depuis l'Indépendance», a déploré Mustapha Khiati, lors d'un point de presse animé hier au forum du quotidien DK-News à Ben Aknoun, Alger. Il a affirmé que «la répression et la lutte menées par les services algériens de sécurité contre la circulation des stupéfiants en 2012 a permis de constater la «hausse» des quantités de résine de cannabis saisie. «Plus de 100 tonnes saisies en 2012 contre 70 tonnes en 2011», a-t-il avancé. Le lancement de la campagne nationale de lutte contre la drogue, qui avait pour slogan «Pour une Algérie sans drogue», n'a pas eu le résultat escompté, selon M. Khiati. Il affirme que «cette campagne a touché seulement 15 wilayas et s'est interrompue en raison des deux rendez vous électoraux». La Forem ne baisse pas les bras. «On va poursuivre notre travail. On va mettre le paquet pour généraliser la campagne sur l'ensemble du pays afin de sensibiliser les citoyens de tout âge et la renforcer». Khiati tire la sonnette d'alarme et alerte sur les conséquences de cette situation. «C'est devenu extrêmement inquiétant. Nous sommes interpellés dans nos principes, fondements et dans notre vie de tous les jours. Aujourd'hui, si on ne consacre pas des efforts nécessaires pour diminuer le pourcentage de cette catastrophe, ce sont nos enfants qui seront les plus exposés et les plus grandes victimes», a ajouté M. Khiati. Intervenant lors de cette conférence, Salima Souakri, ancienne championne de judo, membre de la Forem et ambassadrice du Fond des Nations unies pour l'enfance (Unicef), a expliqué que «la consommation de tous types drogue est devenue de nos jours un phénomène qui touche toutes les catégories de la société. Les jeunes et les enfants sont les premières victimes de ce fléau. Le chômage, les problèmes familiaux et la pauvreté sont les principales causes de ce phénomène». Dans le but de lutter contre la toxicomanie en milieu scolaire, la Forem a installé, en collaboration avec le ministère de la Justice et de l'Education nationale, une commission d'étude pour suivre l'évolution de ce phénomène. Ainsi M. Khiati a appelé le ministère de l'Education nationale à ouvrir les portes des établissements éducatifs aux spécialistes afin qu'ils sensibilisent les élèves sur les dangers des stupéfiants et ses répercussions sur leur santé et leur avenir. Salima Souakri a déclaré que «des activités sportives et culturelles seront organisées en marge de la prochaine campagne». De son côté, Maître Mihoubi El Mihoubi estime que «c'est un fléau qui est très dangereux». Il a souligné que «ce qui a renforcé la toxicomanie en Algérie ce sont les quantités astronomiques qui proviennent du Maroc, ce pays voisin est l'un des plus gros producteurs de kif dans le monde». «La proximité avec ce pays a rendu l'accès très facile à la drogue pour les consommateurs et a fini par créer un très grand nombre de toxicomanes dans notre pays». A noter que la Forem compte poursuivre son combat contre ce fléau à travers différents moyens en se basant essentiellement sur la prévention et les effets néfastes sur l'individu et la société à différents niveaux. La Forem a appelé tous les médias à mener des enquêtes épidémiologiques nationales sur la prévalence de la drogue en Algérie. En revanche, l'ancienne sportive nationale Salima Souakri a insisté sur la programmation des actions de proximité dans les quartiers et les espaces à forte concentration de jeunes.