Fléau n La lutte contre la drogue et la toxicomanie était au centre des débats abrités, hier, par le centre de presse d'El Moudjahid. Une conférence de presse a été animée conjointement par M. Khiati, directeur de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), et par Juan Correli, directeur général du Centre italien de solidarité. Le phénomène de la toxicomanie représente un grand danger pour l'Algérie, d'autant qu'il a pris des proportions alarmantes, a indiqué le professeur Khiati. En effet, ce fléau ne cesse de prendre de l'ampleur. La consommation a connu une hausse vertigineuse de 100% entre 2000 et 2004. Pis encore, l'expert a rappelé que «l'Algérie est passée de statut de pays de transit à celui de consommateur». Ce qui aggrave encore la donne, c'est que la drogue cible la jeunesse. Dans ce sillage, les statistiques ont montré que 84,85% des personnes impliquées dans les affaires de drogue ont moins de 35 ans. 86 832 affaires de drogue ont été traitées entre 1994 et 2004, dont 12 996 en 2004. Par ailleurs, 22 000 individus, dont 6 000 dealers, ont été condamnés par la justice en 2007 pour trafic et consommation de stupéfiants. Oran, Alger et Ouargla viennent en tête du classement des wilayas où a été enregistré le plus grand nombre d'affaires liées à la drogue. La résine de cannabis est la drogue la plus consommée, suivie des psychotropes. Les quantités de cannabis saisies ne cessent, elles aussi, d'augmenter. À titre d'exemple, 10 tonnes ont été saisies en 2006, contre 16,5 tonnes en 2007 et 38 tonnes en 2008. Outre ces quantités de cannabis saisies, 924 398 comprimés de psychotropes ont été également confisqués en 2008. Une enquête de la Forem a tiré la sonnette d'alarme contre certains phénomènes très dangereux, comme l'infiltration des stupéfiants au sein des lycées et universités, l'apparition de drogues dites fortes telles que la cocaïne, la culture de différentes drogues et le détournement de certains médicaments de leur usage pharmaceutique. Le chômage, la déperdition scolaire, la déchirure de la cellule familiale et la déception sont les principales causes de ce fléau. «L'incarcération des consommateurs n'est pas la solution au phénomène de la drogue, il faut mobiliser des psychologues et des sociologues pour trouver un remède efficace loin des hôpitaux», a déclaré M. Khiati. De son côté, M. Correli a affirmé que «la lutte contre la drogue commence tout d'abord par la prévention», et pour cela «il faut que la société civile se mette au travail». Selon M. Khiati, il y a des centres de lutte contre la toxicomanie, mais il a déploré le fait que les gens ne travaillent pas assez pour faire face à ce fléau. Outre la nécessité de la coordination des efforts des différents acteurs qui activent dans ce domaine, «il faut également adapter les messages de prévention à la mentalité des jeunes». Abordant la stratégie étatique de lutte contre la drogue, M. Khiati a indiqué que deux plans quinquennaux ont été mis en place. Le premier porte sur la révision de la législation nationale qui préconise que «l'incarcération n'est pas toujours la solution», et le second sur la médicalisation de la prise en charge, notamment par la création de 185 cellules d'écoute et la réalisation de 15 hôpitaux et 15 centres spécialisés».