C'est désormais officiel, nos confrères journalistes du secteur public et les autres corps assimilés du même domaine vont bénéficier d'une augmentation salariale conséquente dès la fin de ce mois de janvier. Par delà la réjouissance de voir une partie des professionnels de l'information mieux reconsidérés à travers la mise en place d'une nouvelle grille des salaires soutenue par un plan de gestion de carrière, cette nouvelle mesure applicable avec effet rétroactif à partir de janvier 2012 est au centre de beaucoup d'interrogations. Des questionnements que se posent beaucoup de journalistes de la presse privée soulignant le paradoxe existant d'une part, entre les conditions «encore précaires», de leur avis, dans lesquelles ils accomplissent leur métier d'informer et celles de leur confrères de la presse publique, d'autre part. Kamel Amarni, le SG du syndicat national des journalistes (SNJ) a tenu à préciser que l'accord sur les salaires paraphé lundi dernier lors d'une cérémonie tenue sous l'égide du ministre de la Communication, Mohamed Saïd, ne concernait pas les journalistes de la presse publique mais plutôt les corps assimilés relevant de ce même secteur. «Beaucoup font dans la confusion. L'accord traitant des augmentations salariales des journalistes du secteur public a été signé il y a de cela six mois, du temps du ministre Nacer Mehal. Quant à l'autre accord signé ce lundi concerne uniquement les corps assimilés notamment les cameraman, preneurs de son et les chauffeurs», nous dira le SG du SNJ. Ce dernier ajoutera que s'agissant d'une éventuelle révision à la hausse des salaires dont pourrait bénéficier les journalistes du secteur privé, celle-ci pourrait intervenir dans la cadre de la mise en place du statut du journaliste dans lequel même l'évolution de la carrière de ce dernier sera prise en charge. Reprise des négociations à zéro pour le secteur privé «C'est la proposition formulée par le SNJ dans le sillage des négociations que nous avons engagés avec l'ex-ministre de la Communication. Toutefois, nous nous voyons contraints de relancer ces négociations à zéro vu que le même département ministériel évoqué a connu un changement à sa tête avec la nomination du nouveau ministre», expliquera notre interlocuteur. Il enchaîne en mettant l'accent sur la mise en place du statut du journaliste qui se décrit, dit-il, telle une première étape indispensable pour aboutir à l'élaboration d'une convention collective de branches devant apporter des réponses adéquates aux différentes préoccupations d'ordre socioprofessionnel des journalistes du domaine privé. «Cette convention en question sera obligatoirement applicable pour l'ensemble des journaux et dans le cas où l'un de ces derniers venait à l'ignorer, des sanctions seront décidées à son encontre». Le SG du SNJ persiste à dire que la situation socioprofessionnelle des journalistes de la presse privée doit sa reconsidération au même titre que celle prévalant dans le secteur public» n'est qu'une question de temps». «C'est là une logique que l'on peut ignorer pour longtemps et sa consécration sur le terrain est inévitable». Une consécration qui ne relève pourtant pas d'une simple sinécure, nous fera comprendre Outoudert Abrous, directeur de publication du quotidien Liberté, contacté hier. «Pour enclencher une dynamique de mise en place de la convention collective de branches , cela reste tributaire de beaucoup d'efforts en terme de sensibilisation des éditeurs et autres actionnaires de journaux privés. Et pour l'heure, force est de constater qu'il est impossible de nous réunir pour aller de l'avant», dira le DP de Liberté, soulignant par ailleurs que «l'Etat est libre de valoriser les salaires des journalistes du domaine public».