Jamais deux sans trois ! Après le départ de Saïd Sadi de la tête du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) en mars dernier et l'annonce, il y a trois semaines, du retrait du FFS de Hocine Aït Ahmed, voilà le tour d'Ahmed Ouyahia de présenter sa démission, jeudi, de la tête du Rassemblement national démocratique (RND). Rarement le paysage politique national a connu autant de changement à la tête de ses formations en moins d'une année. Ainsi, le président du RCD a été le premier à ouvrir le bal en mars dernier. Lors du 4e congrès du parti tenu à la Coupole à Alger, Saïd Sadi a annoncé dans un long discours devant les congressistes vouloir «céder la place aux jeunes» et ne pas se représenter au poste de président du parti. Le 10 mars, celui qui a dirigé le parti pendant 23 ans, d'abord en tant que secrétaire général puis en tant que président, passe la main à Mohcine Belabbas, 42 ans, seul candidat à sa succession, élu à une écrasante majorité. Le 21 décembre dernier, c'est au tour du chef historique du FFS de redevenir un simple militant du parti. Dans un message adressé au conseil national du parti, Hocine Aït Ahmed annonce sa décision de renoncer à la présidence du parti qu'il a fondé en 1963 et qu'il a toujours dirigé. Cette décision n'aurait pas de lien direct avec le mouvement de contestation au sein du parti né suite à la décision de son actuelle direction de prendre part aux législatives du 29 mai 2012. Pour un politologue, la décision de M. Aït Ahmed – comme celle de M. Sadi – émane d'une volonté personnelle de passer le relais mais également de redéployer le FFS au sein du nouvel échiquier politique. «Il y a d'abord l'âge de M. Aït Ahmed qui ne lui permet pas de se représenter. Aussi, avec son expérience, sa vision des choses évolue. Avec une nouvelle configuration politique qui se met en place, dont les contours et les programmes sont en train de se dessiner, le FFS tente de se positionner et de ne pas rester en marge», explique le politologue. Les yeux rivés sur Belkhadem Les partis d'«opposition» n'ont pas été les seuls à changer de direction. Visiblement, les «partis de l'appareil» s'y mettent également. Ainsi, jeudi dernier, dans une longue lettre adressée aux cadres de sa formation, Ahmed Ouyahia a présenté sa démission de son poste de secrétaire général du RND qu'il occupe depuis 14 ans. Il faut dire que cette démission intervient alors que la contestation qui dure depuis une année au sein du parti prend de l'ampleur. Pour le même politologue, «la démission de M. Ouyahia a pour but de préserver l'unité du parti qui traverse des moments difficiles». Selon lui, «bien qu'il soit encore tôt pour tirer des conclusions, il semblerait que M. Ouyahia ait été poussé vers la sortie. Ne faisant plus consensus au sein de ses cadres à l'évidence, il y a une volonté au sein d'une fraction très importante au sein du parti de lui barrer la route vers la présidentielle de 2014. Cette démission ressemble à un lâchage de l'intérieur», analyse-t-il. Quant à d'éventuelles pressions externes ayant poussé le chef du parti à démissionner, l'expert n'exclut pas ce scénario, mais reconnaît qu'il est difficile d'identifier d'éventuelles parties ayant téléguidé le mouvement de redressement au sein du RND. Mais selon l'expert toujours, «en bon élève discipliné, M. Ouyahia va faire profil bas en vue de la présidentielle de 2014, dans le cas où le président Bouteflika ne se représentait pas pour un 4e mandat». Quels que soient les motifs d'une telle démission, la décision de M. Ouyahia a ouvert la porte aux spéculations en tout genre. Tous les yeux sont désormais rivés sur le secrétaire général du parti au pouvoir, Abdelaziz Belkhadem. Jamais trois sans quatre ? Selon le site d'information électronique TSA, des discussions entre des responsables FLN et leur secrétaire général en vue de le convaincre de lâcher les rênes du FLN auraient commencé dès jeudi soir. Tout comme le FFS ou le RND, le FLN fait lui aussi face à une contestation en son sein. Cette «agitation» le poussera-t-elle à subir le même sort que ses confrères ? Il semble pour l'instant résister. Mais «il n'est pas sorti d'affaire. Le risque existe toujours» selon le politologue interrogé. «Cette thèse est plausible. Il y a au sein du FLN une tendance forte qui se dégage pour empêcher M. Belkhadem de rester à la tête du FLN et éventuellement de se préparer au scrutin de 2014 si M. Bouteflika ne se représente pas. Ainsi, le mieux pour lui maintenant est d'arborer un profil bas en vue d'être le candidat du FLN à la prochaine présidentielle», explique-t-il.