Photo : Riad Par Younès Djama Le Front de libération nationale (FLN) fait face ces dernières semaines à un mouvement de dissidence qui menace les fondements même du parti majoritaire. La fronde menée par Salah Goudjil dénonce la gestion unilatérale du secrétaire générale du parti, Abdelaziz Belkhadem. Son partenaire de l'Alliance présidentielle, Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), est lui aussi confronté à la même situation. Les dissidents conduits par Abdelmadjid Menasra, contestant le leadership du successeur de Mahfoud Nahnah, ont créé un parti-bis dénommé le Mouvement pour la prédication et le changement. Le Rassemblement national démocratique (RND), même s'il est épargné par ce vent de dissidence qui s'abat sur ses partenaires de l'Alliance, il n'en reste pas moins que tout est centré autour de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia. Du côté de l'opposition, la situation n'en est pas moins reluisante.Pour rester dans l'air de la dissidence, un autre parti, en l'occurrence le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, est lui aussi traversé par un courant de dissension. Une plainte a été déposée par un groupe de frondeurs contre le président du parti pour détournement de l'argent du parti. Outre le détournement des biens du parti, c'est la gestion de Touati qui est remise en cause. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui se revendique de la mouvance laïco-démocratique, est dirigé depuis sa création en 1989 par Saïd Sadi dont le nom se confond d'ailleurs avec le parti. Pour le Front des forces socialistes (FFS), qui a vu défiler sur son secrétariat national un certain nombre de noms, le poste de président a été toujours été occupé par son fondateur charismatique, Hocine Aït Ahmed, et ce, depuis 1963. Même s'il a délégué une partie de ses prérogatives à ses secrétaires nationaux, Aït Ahmed est resté incontournable s'agissant des questions cruciales sur lesquelles «son» parti devait s'exprimer. Le Parti des travailleurs (PT) est lui aussi dirigé d'une main de fer par Louisa Hanoune. Le cas du chef islamiste Abdellah Djaballah est, lui, un peu singulier. Lui qui a été évincé des deux partis En-Nahda et El Islah dont il a été le fondateur n'éprouve pas de peine à fédérer des sympathisants à chaque fois qu'il crée un nouveau parti. Les deux partis susmentionnés risquent fort de connaître une saignée, au lendemain de la création par Djaballah du Front pour la justice et le développement (FJD).Cette espèce de «zaïmisme» ou autoritarisme qui caractérise la classe politique nationale est justifiée pour les uns par des raisons historiques ou tout simplement objectives pour d'autres. Certains observateurs minimisent ainsi la portée et l'envergure de la fronde qui frappe le plus vieux parti du pays en expliquant que le FLN est le parti qui a connu le plus de SG à sa tête depuis l'ouverture démocratique de 1989. Abdelhamid Mehri, Boualem Benhamouda, Ali Benflis et Abdelaziz Belkhadem sont autant de personnages qui se sont succédé à la tête du parti majoritaire au pouvoir. Les mêmes observateurs voient plutôt d'un bon œil les mouvements de dissidence qui prennent naissance à l'intérieur de tel ou parti.S'agissant du cas du RCD et du FFS, les observateurs s'accordent à dire que le départ de leurs deux leaders respectifs, Sadi et Aït Ahmed, mettrait en péril l'existence même des deux formations politiques. Mais pas seulement, leur idéologie pourrait aussi disparaître après leur départ. Cependant, l'on note l'exclusion des jeunes cadres notamment au sein du FFS où l'on remarque que des militants de 1963 (date de création du parti) sont encore dans les arcanes du plus vieux parti de l'opposition.