Le pape Benoît XVI a appelé jeudi à un "vrai renouveau" de l'Eglise, dans un émouvant message d'adieu lu à un millier de prêtres de Rome, auquel il a annoncé son intention de "se retirer du monde" après sa démission historique le 28 février. "Nous devons travailler à la réalisation du vrai Concile et d'un vrai renouveau de l'Eglise", a déclaré le pape, les yeux cernés et la voix un peu rauque, dans une méditation en italien improvisée pendant 35 minutes. Le pape a rappelé l'"enthousiasme" qu'il vécut au Concile Vatican II, de 1962 à 1965, qui a renouvelé l'Eglise, dans sa liturgie et ses rapports avec les autres religions. Lui-même y participait en tant qu'expert en théologie aux côtés du cardinal de Cologne Joseph Frings, l'un des prélats qui voulaient le plus changer l'Eglise. Mais selon lui, les médias réunis à Rome firent alors leur "propre Concile", donnant une vision toute politique de ce moment spirituel, des points de vue biaisés qui créèrent "tant de calamités, tant de problèmes" comme "la liturgie banalisée" et la fermeture de couvents et séminaires. Parlant de façon très claire et très libre, parfois avec humour, il a rappelé la rébellion des pères synodaux, particulièrement allemands, français et néerlandais, contre des textes préparés à l'avance, et qui affirmaient "Nous sommes l'Eglise". Aujourd'hui "Nous sommes l'Eglise" est devenu paradoxalement le nom choisi par un mouvement de contestation interne germanophone qui critique le pape. Evoquant sa future retraite dans un monastère au Vatican, le pape a affirmé: "Je serai toujours proche de vous et je suis sûr que vous le serez de moi, même une fois que je me cacherai du reste du monde". Le pape, le premier à démissionner de son plein gré depuis 700 ans, apparaîtra encore deux fois devant des foules : il célèbrera l'Angelus dimanche de la fenêtre de son appartement, et fera ses adieux le 27 au cours d'une audience générale sur la place Saint-Pierre. Le 28, il cessera d'être pape à 19H00 GMT. Une quinzaine de jours plus tard, s'ouvrira dans la chapelle Sixtine un conclave de 117 cardinaux pour élire son successeur. Selon le cardinal sud-africain Wilfried Fox Napier, le conclave pourrait "ne pas être aussi rapide" que celui des 18 et 19 avril 2005 qui avait élu à la tête de l'Eglise le cardinal Ratzinger. Dénonçant "les rivalités" et le "carriérisme" dans l'Eglise", ce cardinal, cité parmi les possibles postulants, a jugé nécessaire que "les institutions de l'Eglise soient "un soutien à l'action évangélisatrice, non un frein". Pour sa part, l'un des "papabili" d'Amérique latine, le cardinal brésilien João Braz de Aviz, 65 ans, a assuré à l'Ansa que "les choses n'arrivent jamais par hasard dans l'Eglise", en soulignant les "tensions" entre diverses personnalités du Saint-Siège et une gestion au quotidien "tout sauf sereine". Benoît XVI se retirera à Castel Gandolfo puis dans le monastère au Vatican avec la plus grande partie de la "famille pontificale" qui partageait sa vie quotidienne: quatre laïques consacrées qui étaient à son service mais aussi son secrétaire particulier, Mgr Georg Gänswein. Ce dernier, qui avait été nommé en décembre préfet de la maison pontificale, continuera à occuper les deux fonctions. Ce préfet est chargé d'organiser les audiences et la logistique des journées du pape. La double fonction future de Don Georg a suscité un débat: même si le Vatican assure que Benoît XVI ne "s'ingèrera pas" dans le prochain pontificat, Mgr Gänswein exercera une présence auprès de l'ancien et du nouveau pape, ce qui ne facilitera pas la tâche du nouvel élu.