Au deuxième jour du conclave des cardinaux et après plusieurs fausses alertes, finalement, les dizaines de milliers de catholiques réunis à la place Saint-Pierre ont pu voir hier vers 20h la fumée blanche s'élever de la chapelle Sixtine dans le ciel du Vatican en signe d'élection du nouveau pape. Les plus sceptiques n'ont pas voulu se fier à la seule couleur de la fumée et ont guetté la sonnerie des cloches de la basilique Saint-Pierre, autre signe de la conclusion du scrutin, introduit tout récemment par le dernier pape Jean-Paul II. En un temps record, la place et les rues avoisinantes de la basilique Saint-Pierre se sont couvertes d'une foule impressionnante, accourue afin de voir voir surgir du balcon de ses appartements le nouveau souverain pontife et évêque de Rome. Toutes les églises de la capitale ont sonné ensuite leurs cloches pour annoncer la nouvelle. L'impatience de la foule et des journalistes avait atteint son paroxysme lorsque, finalement, l'élection de Joseph Ratzinger fut annoncée par la formule solennelle consacrée, « Habemus Papam ». Désormais, les fidèles qui ont applaudi longuement la proclamation de Joseph Ratzinger n'attendaient plus que de voir Bénédicte XVI, nom choisi par le nouveau pape, apparaître en chair et en os. Et bien, comme l'avaient affirmé des indiscrétions avant le début du vote, les 115 cardinaux qui avaient le droit de voter avaient donc les idées claires dès le début, puisque seules quatre séances en moins de deux jours leur ont suffi pour trouver un consensus, cas unique, excepté celui de l'élection de Pie XII. Le 245e pape sera donc Benoît XVI, le collaborateur fidèle de Jean-Paul II depuis 1981. En se penchant vers la foule de la place Saint-Pierre, Ratzinger a ainsi qualifié son élection : « Les respectables cardinaux ont élu un humble travailleur dans la vigneraie de Dieu. » Ratzinger avait été nommé archevêque de Munich en 1977 par Paul VI, qui l'a ordonné cardinal quelques mois après. En 1981, il a été désigné par Jean-Paul II préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Depuis, ce théologien bavarois est devenu un proche collaborateur de Karol Wojtyla. Et en tant que doyen du sacré collège, il avait prononcé la messe lors des obsèques du dernier pape. Mais le fait d'avoir choisi de porter le nom de Benoît et non de Jean-Paul II représente, selon les spécialistes de l'Eglise, un signe de rupture avec la philosophie du Polonais. Si devant les caméras les fidèles regroupés devant la basilique Saint-Pierre se sont félicités de la proclamation de Ratzinger, les Italiens dans leur ensemble n'ont pas caché leur déception de voir que pour la seconde fois de suite la papauté est allée à un non-Italien, surtout que le cardinal allemand est connu pour ses positions tranchées concernant plusieurs préoccupations de la société moderne. Mgr Ratzinger est opposé à l'avortement et à la fécondation assistée, à l'ordination des femmes, au mariage des prêtres et à l'homosexualité. Dans son discours précédant le début du conclave, il s'était d'ailleurs élevé contre « la dictature du relativisme » et décrit l'Eglise comme « une barque qui prend eau ».