Que s'est-il exactement passé, il y a quelques mois, sous le toit du siège de la Ligue arabe, lorsque le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Hamad bin Jassim Al Thani, a menacé l'Algérie quand elle a refusé de fermer l'ambassade syrienne ? Plusieurs organes de presse arabes ont levé le voile, hier, sur le contenu de cette «altercation verbale» ayant eu lieu lors d'une réunion de la Ligue arabe, entre l'ambassadeur algérien en Egypte et le ministre qatari des Affaires étrangères. Selon des articles de presse de journaux arabes, le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Hamad bin Jassim Al Thani, a «pris à partie l'ambassadeur algérien Nadir Larbaoui» lui reprochant le refus de l'Algérie de fermer l'ambassade de Syrie en Algérie. Cette «ingérence» n'a pas manqué de provoquer la colère de l'ambassadeur algérien lorsque, selon des organes de presse arabes, le ministre des Affaires étrangères qatari a carrément menacé l'Algérie, en lançant : «Votre tour viendra.» «C'est un complot émanant de vous personnellement et c'est un dépassement envers la loi et la Charte (de la Ligue arabe), et vous êtes à la tête du sabotage non pas seulement en Syrie mais dans tout le monde arabe, également», a répliqué l'ambassadeur algérien, selon plusieurs sites électroniques d'information. «Vous et le secrétaire général (de la Ligue arabe), vous commettez des crimes contre la Syrie et la nation arabe», a ajouté Nadir Larbaoui, selon des sites électroniques dont Al Ahram et le liban.com. L'«altercation verbale» a eu lieu, rappelle-t-on, lors d'une réunion de la Ligue arabe consacrée au débat pour la fermeture ou non des ambassades syriennes dans les pays arabes. Les médias arabes décrivent l'«altercation verbale» de «violente», révélant la pression que le Qatar tente d'exercer sur l'Algérie dans différents dossiers internationaux, dont le dossier syrien. Par sa phrase menaçante «votre tour viendra», le ministre qatari des Affaires étrangères voulait-il dire que ce pays fera tout pour imposer à l'Algérie le scénario syrien ? C'est le même Qatar qui abrite le numéro un du Front islamique (FIS) dissous, Abassi Madani. Ce dernier, rappelle-t-on, a, à maintes reprises, appelé, du Qatar, au «ralliement du peuple algérien au printemps arabe». Le Qatar remet l'ambassade syrienne à «l'opposition» Le Qatar, qui soutient la rébellion contre le président syrien Bachar Al Assad, a confié, il y a quelques jours, le bâtiment de l'ambassade de Syrie à Doha à l'opposition, rappelle-t-on. «Le Qatar a décidé de remettre le bâtiment de l'ambassade de Syrie à Doha à Nizar Al Haraki, nommé ambassadeur par la Coalition nationale syrienne», a-t-il été rapporté. Nizar Al Haraki et deux cadres de l'ambassade seront considérés comme diplomates et le «drapeau de la révolution» sera hissé sur le bâtiment, a-t-il été noté. Le Qatar, qui a à maintes reprises appelé à armer «l'opposition» syrienne, tente d'imposer l'isolement de la Syrie dans le monde. C'est dans le cadre de cet isolement que Doha s'en est pris à l'Algérie, pays qui a refusé de marcher dans cette «logique». La prise d'otages de Tiguentourine Prompt à réagir rapidement lorsqu'il s'agit de la Syrie, et pas toujours en faveur du retour à la paix dans ce pays, le Qatar a brillé par son absence quand il s'agissait de condamner la prise d'otages par des terroristes à la base-vie d'In Amenas. Alors que la communauté internationale condamnait cette prise d'otages, Doha s'était confinée dans un silence plutôt troublant. Même El Qaradawi a attendu une semaine pour réagir à travers un communiqué rendu public au nom de l'association des oulémas qu'il préside. Réaction intervenue très en retard comparativement à celle de la communauté internationale. Le Qatar est même soupçonné, comme nous l'avions annoncé dans nos précédentes éditions, d'avoir dépêché deux avions pour «exfiltrer» des chefs terroristes du nord du Mali pour échapper aux bombardements de l'armée française dans le cadre de l'offensive militaire engagée contre Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).